Si vous demandez à Sandi Treliving de vous fournir une statistique sur la santé mentale des femmes, préparez-vous à être choqués. Lorsqu’elle a découvert à quel point les femmes étaient défavorisées en recherche sur la santé mentale, elle a décidé de consacrer son temps, son argent et sa famille à changer les choses. Sa fille, Katie, apporte beaucoup de soutien, versant des dons dans la mesure du possible pour faire de la philanthropie une activité multigénérationnelle. Dans ce balado Audacieu(se), elles parlent à Lisa Bragg de la communauté, de la contribution à changer les choses et du soutien aux femmes.

Sandi :
Nous aimerions que les mères et les filles s’impliquent pour bâtir cette communauté. Je crois qu’il s’agit d’un projet à très long terme emballant. J’apprends tout le temps de Katie. Nous avons vraiment besoin de connaître le point de vue d’une autre génération. C’est comme ça que nous irons de l’avant et que nous progresserons. Ça me rend très enthousiaste.

Lisa :
Il s’agit de Sandi Treliving, membre fondatrice du programme womenmind, lancé par une communauté de philanthropes et de leaders éclairées qui sont déterminées à éliminer les disparités entre les sexes en matière de santé mentale. Katie est sa fille.

Katie :
Je connais toutes les personnes avec qui je travaille au bureau qui ont souffert d’un cancer ou qui ont subi une chirurgie pour traiter un cancer de la peau ou encore qui étaient absentes pour la journée à cause d’une hystérectomie, par exemple. Ce sont des sujets dont on peut discuter ouvertement. Pourquoi les gens ont-ils si honte de dire qu’ils sont malades? Peu importe s’ils sont atteints d’un problème de santé physique ou mentale. Je crois que plus nous pouvons discuter et créer une communauté de sensibilisation et d’acceptation, et contribuer à parler de ce sujet sans tabou, plus nous pouvons faire avancer les traitements.

Lisa :
Katie et Sandi, ainsi que d’autres membres de leur famille, ont décidé de conjuguer leurs efforts philanthropiques, et espèrent inspirer d’autres personnes à se joindre à eux, à faire progresser la recherche sur la santé mentale des femmes et à soutenir les femmes pour qu’elles deviennent des leaders en recherche sur la santé mentale.
Je m’appelle Lisa Bragg et voici Audacieu(se), un balado relatant des histoires de femmes qui se distinguent, destiné à leurs semblables, et qui vous est présenté par BMOpourElles.

Lisa :
Katie, avez-vous grandi dans un univers de générosité?

Katie :
Je ne sais pas si j’ai été élevée dans cet univers. Je crois que notre univers a évolué ainsi. Je crois que ma mère était débordée de travail. C’était une superfemme à la maison, elle occupait un poste prestigieux dans le secteur bancaire, et a longtemps été monoparentale. Je crois qu’elle était très dévouée et qu’elle nous a donné un bel exemple d’altruisme.

Katie :
Elle participait à des activités philanthropiques, et son implication a certainement évolué. Je me souviens d’avoir confectionné de petites créatures en origami pour la Women’s Heart Foundation, je crois, ou quelque chose du genre. Chaque fois que ma mère participait à ces activités, elle nous y amenait. Mais je crois que ces activités ont pris de l’ampleur au fil des ans.

Lisa :
Quel souvenir. Faites-vous toujours de l’origami?

Katie :
Non. Je crois que nous avions confectionné environ 400 pièces en une journée. Ça m’avait semblé beaucoup.

Lisa :
Parce que parfois, lorsque vous ne pouvez pas donner d’argent, vous pouvez contribuer autrement.

Katie :
Oui, tout à fait. Je crois que nous avons beaucoup parlé de ce sujet avec les femmes de womenmind, c’est-à-dire de réinventer la philanthropie et de redéfinir ce que c’est que de faire sa part pour la société. De toute évidence, ce genre de cadeaux a toujours une incidence exceptionnelle sur la communauté. Mais le simple fait de participer à la conversation dans la communauté est une autre façon de contribuer, surtout alors que nous essayons simplement de sensibiliser les gens au fait qu’ils peuvent vraiment donner de leur temps et s’impliquer.

Lisa :
Sandi, je crois que la plupart des gens pensent qu’il faut commencer par un gros chèque, qu’il faut donner beaucoup d’argent, mais les gens peuvent commencer par des oiseaux en papier. Ils ne sont pas obligés de donner de l’argent.

Sandi :
C’est vrai, ce n’est pas obligatoire. En fait, en commençant par faire du bénévolat, vous trouverez les communautés au sein desquelles vous voulez vous impliquer. Cela vous permet de rencontrer des gens qui partagent les mêmes idées que vous au sujet d’une cause, et de constater si la cause est bien défendue et si les fonds sont bien gérés. La philanthropie comporte de multiples aspects. Je crois donc qu’il est essentiel de commencer par le bénévolat.

Sandi :
Je le dis souvent aux jeunes parce qu’ils me demandent : « Comment puis-je commencer à avoir un impact sur la société? » Pour commencer à s’impliquer, il ne faut pas avoir d’idée grandiose. Il y a de nombreuses étapes, et vous apprendrez tout au long de ce parcours. J’encourage vraiment les gens à commencer par faire du bénévolat.

Lisa :
Katie, tu as de jeunes enfants. Peut-être encore un peu trop jeunes pour commencer à faire leur part pour la collectivité ou participer à des activités philanthropiques, mais comptez-vous les y initier un jour? Comment allez-vous leur donner l’exemple? Avez-vous des idées?

Katie :
Je crois qu’il n’est jamais trop tôt pour commencer à s’impliquer. Et c’est exactement de cette façon que nous avons été élevés, mon mari et moi. Nous parlons régulièrement à nos enfants de l’importance de ne pas gaspiller, et d’être conscient de l’espace des gens et de leurs besoins. Je crois que même ces petites choses feront en sorte qu’ils pourront faire leur part pour la collectivité de façon plus naturelle à mesure qu’ils grandiront et découvriront leurs propres passions.

Lisa :
Sandi, quel a été l’impact du don de soi, et surtout du bénévolat, dans votre vie?

Sandi :
Le temps est important pour tout le monde, mais le temps que vous consacrez à faire votre part pour votre collectivité est plus important, car il vous apporte énormément. Pour moi, il permet de comprendre ce qui se passe dans la vie des autres et d’explorer des endroits qui vous font, par exemple, sortir de votre zone de confort, mais aussi d’être présent. Je trouve que c’est dans ces moments où vous donnez que vous êtes probablement plus présent que vous ne l’êtes dans les moments normaux, que vous réservez à vos enfants, au ménage, à votre travail ou à une autre activité. Ces moments ont quelque chose de particulier. Vous êtes plus présent lorsque vous donnez, et que vous le faites de façon désintéressée.

Lisa :
C’est un héritage que vous commencez à transmettre vous et votre famille, et il est important d’en bâtir un pour de plus en plus de familles.

Sandi :
Je suis persuadée que womenmind sera reconnu mondialement. C’est ce que nous souhaitons, ce que nous nous efforçons de construire et ce que nous allons accomplir. Pour ce qui est de l’héritage, oui, la famille Treliving est déjà extrêmement fière de faire partie du programme womenmind et des membres fondateurs.

Sandi :
Mais dans 20 ans, Katie a dit que sa fille avait 5 ans et notre plus jeune petite-fille a 3 mois, donc la fille de Katie aura 25 ans. Elle aura grandi en connaissant les résultats générés grâce au programme womenmind. Ces enfants comprendront que leurs grands-parents ont tracé la voie que leurs parents ont empruntée pour l’améliorer au fil des décennies. C’est un héritage exceptionnel.

Lisa :
Oui. Parce que certaines personnes ne veulent pas seulement résoudre un problème pour la prochaine année ou pour les cinq prochaines années. Elles veulent laisser un héritage qui durera 50, voire 100 ans. Je trouve remarquable qu’elles aient la vision nécessaire pour le faire. Katie, que pensez-vous du fait qu’on vous confie la tâche de bâtir cet héritage et d’y participer?

Katie :
C’est vraiment un honneur. Je sais que ma mère en a déjà parlé; je lui avais dit que j’avais de la difficulté à trouver une façon de m’impliquer. Ce n’est qu’une des nombreuses portes qu’elle m’a ouvertes, tant sur le plan personnel que professionnel. Je crois que c’est une chance d’avoir l’occasion de prendre part aux discussions et d’apprendre de ces femmes inspirantes qui racontent ce qu’elles font pour changer la destinée de ma fille, de la leur et de toutes celles qui naîtront. C’est un véritable honneur et je vais faire de mon mieux pour porter le flambeau à l’avenir.

Lisa :
Il s’agit vraiment de montrer à d’autres jeunes… Quel âge as-tu, Katie?

Katie :
33 ans.

Sandi :
Non, c’est impossible.

Katie :
En fait, c’est pire. J’aurai 34 ans en juin.

Sandi :
Incroyable.

Lisa :
Mais vous donnez également l’exemple aux membres de votre génération. Vous agissez comme un leader, et certaines personnes vous voient comme un exemple à suivre, car c’est dans la vingtaine et la trentaine que les gens commencent à se dire qu’ils devraient faire leur part pour la collectivité d’une façon ou d’une autre. En discutez-vous avec vos pairs?

Katie :
Oui. C’est plutôt surprenant, car avec toutes mes amies, et surtout avec mes amies les plus proches depuis le secondaire, nous n’en parlions pas beaucoup. Il y a quelques années à peine, nous nous sommes toutes mariées, nous avons toutes eu des enfants et nous travaillions. Mais maintenant, nous sommes arrivées à un point où nous en parlons assurément.

Katie :
De toute évidence, j’encourage les femmes à s’impliquer dans la cause de la santé mentale, car cela a une incidence sur elles. Cela a une incidence sur leurs mères, leurs tantes et leurs filles. Oui. Nous en parlons assurément de plus en plus.

Lisa :
Comment pouvons-nous faire connaître cette incidence au public? Sandi, vous la connaissez parce que vous l’avez constatée et vous avez vu la situation progresser. Mais comment faire connaître l’incidence de toutes les initiatives entreprises pour mobiliser plus de gens?

Sandi :
Eh bien, grâce à BMO pour Elles et à vous, Lisa, avec le balado Audacieu(se), nous arrivons à le faire. Chaque fois que nous aurons l’occasion de parler et de faire la promotion de ce que nous faisons, nous le ferons. Appelez-nous. N’hésitez pas à nous appeler. Le site Web du camh.ca contient aussi beaucoup de renseignements sur womenmind. Mais en fait, il faut tout simplement parler du sujet. Il s’agit d’éduquer nos amis et les gens qui écoutent ce balado, par exemple.

Lisa :
Sandi, il y a tellement de statistiques étonnantes au sujet de la santé mentale des femmes. Pouvez-vous me donner un exemple de façon spontanée ?

Sandi :
Il y a quatre fois plus de femmes que d’hommes qui souffrent de la maladie d’Alzheimer. Pensez à cette personne soignante, à cette mère, à cette sœur ou à cette amie qui en souffre, c’est stupéfiant. C’est une statistique stupéfiante, et la situation ne fera qu’empirer avec le vieillissement de la population.

Sandi :
Le sort des femmes en ce qui a trait à la santé mentale et à la santé physique en général est extrêmement peu étudié et sous-financé. Et nous devons faire beaucoup mieux à cet égard. En ce qui concerne la santé mentale, plus de femmes que d’hommes souffrent de la maladie d’Alzheimer, de démence, d’anxiété et de dépression. Nous représentons 50 % de la population, donc un grand nombre de femmes sont malades, et nous avons fait un travail tout à fait médiocre.

Sandi :
Je parle de nous tous. Je parle des hommes. Je parle des femmes. Je parle de vous. Je parle de moi. Nous devons faire mieux. Nous devons investir notre argent dans la recherche sur la biologie des femmes, un sujet qui a été négligé. Savez-vous que les antipsychotiques n’ont jamais été testés sur des femmes? Ils n’ont été testés que sur des hommes. Pourquoi? Parce que c’est plus simple.

Sandi :
Il n’y a qu’une dizaine d’années que la santé cardiovasculaire et les maladies cardiaques des femmes ont commencées à être étudiées. Nous croyions que le fait de porter sa main à sa poitrine et de faire une crise cardiaque comme à Hollywood était un sort réservé aux hommes, et non aux femmes. En ce qui concerne la santé physique et mentale, nous sommes très loin derrière.

Sandi :
Nous pouvons faire mieux, et nous le ferons. Mais nous devons nous concentrer sur le sujet, en parler et dire : « Ça suffit. Nous sommes des membres importants de votre famille. Nous sommes des membres importants de la société et nous devons retrouver une meilleure santé. Nous devons être en meilleure santé. » Comment pouvons-nous y arriver? En faisant de cet objectif une priorité. Comment y parvenons-nous? En investissant des fonds dans la cause. Comment procédons-nous? En améliorant le leadership en attribuant des postes importants à des femmes.

Lisa :
Une vision sans action n’est qu’un rêve.

Sandi :
Oui.

Lisa :
C’est ce que vous faites. Vous avez une vision, vous passez à l’action. Ce n’est pas un rêve, les choses progressent vite. Sandi, il existe un écart connu entre les sexes en matière de santé mentale. Juste avant la pandémie, vous avez organisé un lancement. J’ai participé à un de vos lancements. Le programme womenmind est né d’une collaboration avec le Centre for Addiction and Mental Health, connu sous le nom de CAMH. Parlez-nous un peu plus de womenmind.

Sandi :
Le programme womenmind regroupe une communauté de philanthropes dont l’objectif est de promouvoir les femmes dans le domaine scientifique. Nous formons, mentorons et faisons la promotion des femmes scientifiques afin qu’elles se concentrent sur la santé mentale des femmes. Encore une fois, le domaine de la santé mentale des femmes souffre d’un manque de financement, d’un manque de recherche et d’un manque d’attention. En permettant aux femmes d’accéder à des postes de direction et de scientifiques, nous pouvons discuter de la santé mentale et de la biologie des femmes. Et cela nous faisait défaut.

Sandi :
L’aspect philanthropique est important. Cette communauté est très unique, et basée sur les donateurs. Nous voulons veiller à axer les efforts de womenmind sur les femmes et l’inclusion. Nous permettons différents niveaux de participation, car nous comprenons qu’il y a des gens dans la vingtaine, la trentaine ou issus d’autres collectivités qui ne peuvent tout simplement pas se permettre de participer pleinement à l’effort, mais qui veulent quand même s’impliquer. Nous acceptons différents niveaux de commandites et de participation.

Lisa :
Comment avez-vous su au fond de vous-même que vous vouliez consacrer tous vos efforts et votre argent à cette cause?

Sandi :
J’ai toujours su que j’allais faire quelque chose pour la santé mentale. J’ai dû faire face à des problèmes de santé mentale lorsque j’étais très jeune, car mon frère était malade. Mon frère est schizophrène. J’ai grandi dans une famille qui connaissait le côté triste et tragique de la maladie mentale. J’ai toujours su que je m’impliquerais dans cette cause. Mais pour être honnête, je n’avais jamais trouvé ce à quoi je voulais consacrer mon temps. Je n’avais tout simplement pas trouvé. En fait, j’étais plutôt pessimiste à cet égard. J’avais l’impression que rien n’avait changé malgré les années. Cela m’attristait beaucoup, et ne comblait pas le besoin que je ressentais, qui une fois satisfait, me permettrait de guérir.

Sandi :
J’ai fini par assister à un événement pour le CAMH. Je savais que c’était pour la santé mentale, mais je n’étais pas certaine que ça me plairait. J’en suis ressortie en étant ravie de ce que j’avais entendu. Les gens parlaient des soins offerts aux gens, de la façon dont il faut les comprendre et de la nécessité d’inclure les patients et leur famille dans le processus de guérison. Ils avaient une tout autre façon de voir les choses. Leurs établissements étaient tout simplement épouvantables, pas du tout propices à la guérison. Leur vision était complètement axée sur la guérison, tandis que quand la maladie de mon frère était particulièrement aiguë dans les années 70, 80 et 90, il n’était pas du tout question de guérison. L’approche n’était pas axée sur la guérison, mais plutôt sur la survie.

Sandi :
En trouvant le CAMH, en prenant connaissance des idées qui y étaient communiquées, qui étaient tout simplement sans précédent dans le monde de la santé mentale, j’ai su que je voulais m’impliquer. En fait, j’ai visité le campus de l’hôpital le lendemain. Ce jour-là, je leur ai demandé comment je pouvais les aider. J’ai commencé en tant que bénévole, et ce, pendant quelques années. Mon mari et moi nous impliquions de plus en plus. Je suis devenue membre du conseil d’administration de la fondation. C’est à la suite de ce long parcours que womenmind a été créé.

Lisa :
Vous n’êtes pas seule derrière womenmind. C’est le projet de toute votre famille et des générations à suivre. Est-ce l’une des raisons pour lesquelles vous vous êtes dit que c’était ce que vous vouliez faire et que vous avez créé womenmind?

Sandi :
Oui, absolument. Nous avions déjà offert un don au CAMH Jim et moi, et nous voulions vraiment en faire plus. Nous voulions que les enfants et les générations suivantes s’impliquent. Et même si nous savions qu’ils s’intéressaient tous à la santé mentale, nous avions l’impression de leur parler de choses sur lesquelles nous travaillions, sans qu’ils puissent vraiment y participer. Le programme womenmind nous a donné l’occasion de parler aux enfants. En fait, Jim m’a dit : « Je veux que tu en parles aux filles et que tu voies si elles veulent participer. »

Sandi :
C’est donc ce que j’ai fait. J’ai parlé à chacune des filles de façon individuelle, c’est-à-dire à la fille de Jim, à sa belle-fille, à leurs enfants, de même qu’à ma fille et à ma belle-fille, et je leur ai simplement dit : « Voici le projet que nous souhaitons réaliser, est-ce qu’il pourrait vous intéresser? Voulez-vous y participer? Nous sommes conscients que tout le monde ne peut pas s’engager à temps plein, mais voulez-vous vous impliquer dans cette initiative? » Elles ont toutes répondu : « Oui, bien sûr. »

Sandi :
En fait, Katie m’a dit quelque chose qui me donne encore la chair de poule : « Maman, ça fait un moment que j’essaie de trouver une façon de m’impliquer. » Et j’ai tout de suite su que ce projet allait être important. J’ai eu la chair de poule et j’ai pleuré.

Lisa :
Katie, je suis certaine que votre mère raconte souvent cette histoire. Qu’avez-vous pensé lorsqu’elle vous a parlé de ce projet?

Katie :
Je n’ai pas vraiment pensé au poids de mes mots, car je me concentrais surtout sur celui de ses actions. J’essayais simplement de suivre les traces de mes parents, qui étaient de vrais philanthropes, et qui nous avaient inculqué l’empathie pour que nous continuions à faire notre part là où on en a besoin et à donner de notre temps. Sa passion est aussi très contagieuse. Évidemment, j’adore travailler avec ma mère. C’est ma meilleure amie.

Sandi :
Je vais encore pleurer.

Katie :
Je lui ai demandé d’être ma demoiselle d’honneur quand je me suis fiancée et elle m’a dit : « Non, je veux être la mère de la mariée. »

Sandi :
Je crois vraiment que beaucoup de familles doivent penser de la même façon. Nous aimerions que les mères et les filles s’impliquent pour bâtir cette communauté. Je crois qu’il s’agit d’un projet à très long terme emballant. J’apprends tout le temps de Katie. Nous avons vraiment besoin de connaître le point de vue d’une autre génération. C’est comme ça que nous irons de l’avant et que nous progresserons. Ça me rend très enthousiaste.

Katie :
La santé mentale ne concerne pas une génération en particulier. Malheureusement, les préjugés et les malentendus entourant la santé mentale persistent depuis très longtemps. Les traitements ont progressé très lentement jusqu’à récemment. Mais cela aura une incidence sur toutes les générations futures. À ma connaissance, ce ne sont pas des problèmes que vous pouvez résoudre pour de bon. Je crois que c’est un véritable cadeau de pouvoir m’impliquer, simplement pour mieux comprendre et connaître ce sujet.

Lisa :
Beaucoup de jeunes pensent que ce n’est pas le moment de s’impliquer et qu’il vaut mieux attendre la retraite pour donner, car ils recevront un gros chèque. Et franchement, vous n’avez pas de gros chèque en ce moment, n’est-ce pas?

Katie :
Non, malheureusement. Je n’en ai pas. Tout ce que je peux donner, c’est mon temps. Je crois que pour être audacieuse, il faut trouver et prendre le temps de s’impliquer. Si je suis passionnée par une cause, un projet sur lequel je travaille, par le fait de passer du temps avec mes enfants ou mon mari, et que je crois maintenant venu le temps de m’impliquer, c’est non négociable. Alors qu’il y a peut-être un an, je n’avais pas le même respect pour moi-même et pour mon temps.

Katie :
Même si cela semble impossible et difficile au quotidien, je crois que si vous voulez réaliser un projet qui vous tient à cœur, vous devez trouver le temps de vous y consacrer en étant maître de votre horaire.

Lisa :
Le fait d’entendre parler du programme womenmind et de savoir qu’il contribue à la recherche, à l’avancement des femmes dans ce domaine et à la compréhension des enjeux en matière de santé mentale féminine, c’est vraiment rafraichissant. Je crois que beaucoup de jeunes femmes se sentent concernées, parce qu’il y a quelqu’un qui souffre d’un problème de maladie mentale dans toutes les familles. Que répondent vos amies lorsque vous leur dites : « C’est la cause dans laquelle je m’implique. »

Katie :
Oui! Je crois que ma mère se reconnaîtra probablement dans cette affirmation. Quand elle a commencé à s’impliquer, c’était incroyable de voir combien de personnes communiquaient avec moi pour que je puisse lui dire : « Telle personne a besoin d’aide, que devrait-elle faire? » ou « Telle personne connaît quelqu’un qui pourrait l’aider. » Cela élimine immédiatement les obstacles. La personne se dit : « Je suis en sécurité avec elle, c’est quelqu’un à qui je peux parler. »

Katie :
Lorsque j’ai commencé à m’impliquer davantage, en particulier dans le programme womenmind, beaucoup de femmes de ma communauté, d’amies et de collègues ont immédiatement communiqué avec moi. Elles m’ont dit : « Merci d’avoir consacré du temps à cette cause », car elles ont toutes été directement touchées ou connaissent quelqu’un qui l’a été. Et la plupart du temps, c’est probablement quelqu’un qui leur tient à cœur, selon moi, simplement en raison de l’incidence considérable de maladie dans la population.

Katie :
Cela nous a aidées à amorcer la conversation, ce que nous ne faisions peut-être pas auparavant. Nous avons peut-être même banalisé le sujet, et plaisanté avec l’anxiété ou le trouble obsessionnel compulsif, mais ce sont des problèmes qui font réellement souffrir les gens. Et je ne crois pas que nous en ayons parlé de la même façon qu’avant.

Lisa :
Sandi, lorsque vous avez dit aux gens « Je suis décidée à lancer womenmind », quelle a été leur réaction?

Sandi :
Avant womenmind, lorsque nous avons dit pour la première fois à nos amis que nous collaborions avec le CAMH, c’est-à-dire avec un centre de toxicomanie et de santé mentale, quelqu’un m’a dit : « Est-ce qu’il se passe quelque chose dans votre vie? » Cette personne a immédiatement cru que nous étions touchés par les problèmes de dépendance. « Est-ce que Jim a eu un problème ou est-ce que j’avais eu un problème? » C’était intéressant. C’était il y a dix ans.

Sandi :
Puis, les gens ont commencé à nous parler de leurs expériences quand nous allions au restaurant. Nous avons commencé à découvrir une toute nouvelle facette de la vie des gens, car ils nous disaient : « Je crois que ma mère a peut-être souffert de dépression à cause de ceci et de cela. » C’était intéressant, car les gens entraient en contact avec nous et nous racontaient leur histoire. D’une certaine façon, je sentais… Je crois que Jim et moi partions tous les deux du souper et que nous avions l’impression de sortir d’une séance de thérapie de groupe, ce qui est plutôt drôle, car j’ai probablement plus besoin de thérapie que la plupart des gens.

Sandi :
J’adorais cela, car nous parlions de santé mentale sans tabou. Et savez-vous quoi? Il faut que les gens comprennent que le cerveau est un organe, et qu’il n’y a rien de mal à ce qu’il soit malade. Les organes peuvent devenir malades. Concentrons-nous sur ce sujet. Disons : « Sais-tu quoi? Je sais que tu n’agis pas comme d’habitude, donc peut-être que nous devrions parler. Je voulais te dire que je suis là pour toi si tu as besoin d’aide. »

Sandi :
C’est tout ce que je peux faire, car je n’ai pas de formation de psychiatre ou de thérapeute. Mais savez-vous quoi? Je peux avoir une conversation avec quelqu’un, et je veux que tout le monde soit capable de faire la même chose, car si nous pouvons aider les gens aux premiers signes de maladie, nous pouvons les aider à se rétablir plus tôt et à être au mieux de leur forme. C’est vraiment très, très important.

Katie :
J’ai vraiment aimé ce que tu as dit concernant le fait de parler de santé mentale sans tabou. L’autre jour, je discutais avec une amie et je me disais : « Je connais toutes les personnes avec qui je travaille au bureau qui ont souffert d’un cancer ou qui ont subi une chirurgie pour traiter un cancer de la peau ou encore qui étaient absentes pour la journée à cause d’une hystérectomie, par exemple. » Ce sont des sujets dont on peut discuter ouvertement. Pourquoi les gens ont-ils si honte de dire qu’ils sont malades? Peu importe s’ils sont atteints d’un problème de santé physique ou mentale.

Katie :
Je crois que plus nous pouvons discuter et créer une communauté de sensibilisation et d’acceptation, et contribuer à parler de ce sujet sans tabou, plus nous pouvons faire avancer les traitements.

Lisa :
Katie et Sandi, nous savons qu’en 2020 et 2021, beaucoup de femmes ont quitté le travail en raison des répercussions à court et à long terme de la pandémie, comme s’occuper d’un enfant ou d’une personne malade, ou encore, prendre soin de leur propre santé mentale. Nous n’avons aucune idée de ce que le bien-être a coûté à l’économie, mais les chiffres qui indiquaient les coûts des problèmes de santé mentale étaient stupéfiants avant la pandémie.

Sandi :
Oui. C’est vraiment stupéfiant. On estime à au moins 50 milliards de dollars par année le coût économique de la maladie mentale au Canada. Et elle coûte aux entreprises plus de 6 milliards de dollars en perte de productivité. Au cours des 30 prochaines années, le coût économique projeté devrait atteindre 2 500 milliards de dollars. Nous ne parlons même pas des autres coûts humains accablants. Ils continuent à toucher tout le monde en tant que patients, membres de la famille, amis ou collègues.

Katie :
Je crois qu’il est intéressant de noter que ces chiffres datent d’avant la pandémie. J’aimerais maintenant voir les chiffres actualisés, car nous savons que 70 % des femmes souffrent davantage d’anxiété, de dépression, de fatigue et d’isolement simplement en raison de l’augmentation du travail lié aux soins qu’elles ont dû prodiguer pendant la pandémie.

Sandi :
Oui. Nous avons encore beaucoup de chemin à faire et il sera difficile. Les femmes ont été touchées de façon disproportionnée par la pandémie de COVID-19. Nous avons un énorme rôle à jouer, et la responsabilité de les aider à se remettre sur pied le plus vite possible et à profiter du meilleur état de santé possible.

C’est donc une priorité du programme womenmind. Nous savons que certaines communautés sont vraiment en difficulté, et nous devons en être conscients. De plus, nous devons veiller à ce que l’équipe de womenmind comprenne des membres de toutes les communautés.

Sandi :
Comme nous le savons tous, le Canada est vaste. Ses habitants sont colorés, admirables et aimables. Nous devons continuer à transmettre ce message, et veiller à ce que des personnes noires, autochtones et de couleur participent au programme womenmind. C’est très important pour nous à l’avenir. C’est un aspect que nous prenons systématiquement en considération dans nos activités de planification. Et nous allons continuer ainsi. C’est très important pour nous.

Sandi :
Et je crois qu’avec l’engagement de nos leaders, la Dre Catherine Zahn, chef de la direction de notre hôpital, et Deborah Gillis, chef de la direction de notre fondation, nous sommes vraiment entre bonnes mains. À l’heure actuelle, certaines de nos scientifiques chevronnées sont d’origine musulmane. D’autres collaboratrices sont d’origine autochtone. Nos collaboratrices sont à l’image de notre communauté et de la population de notre pays, et nous continuerons à respecter ce critère.

Lisa :
Alors qu’il est plus nécessaire que jamais de faire avancer les choses, quel est votre plan à cet égard?

Sandi :
Nous organiserons une série d’événements et de salons lorsque nous pourrons le faire en toute sécurité. Nous nous réunirons et tiendrons des symposiums. Les membres sont plus actives en ce moment, donc il se passe beaucoup de choses. Je crois qu’il faut réunir les membres de la communauté et organiser des événements intéressants, comme des rencontres avec les scientifiques pour savoir sur quoi elles travaillent, et découvrir les progrès réalisés et ce que nous devons apprendre, et la façon dont nous pouvons aider la cause. Je crois que tout cela est fascinant, peu importe l’âge. Nous devons poursuivre le dialogue. Je suis impatiente de voir les résultats.

Lisa :
Oui, parce que le fait de rencontrer les scientifiques, de connaître les statistiques et tout le reste permet vraiment de maintenir le dialogue, plutôt que de faire le point une seule fois avec les personnes concernées. Katie, croyez-vous que d’organiser des salons pour rencontrer les scientifiques et d’avoir des conversations plus approfondies permet d’établir des liens plus solides avec vos pairs et entre les gens?

Katie :
Absolument. Encore une fois, je crois que cela crée un espace sûr où les gens peuvent poser des questions sur la santé mentale qu’ils n’étaient peut-être pas à l’aise de poser avant, et sur des sujets sur lesquels il n’existe pas nécessairement de recherche; ils ne peuvent donc pas chercher eux-mêmes des réponses sur Google. Cela permet de tenir une discussion ouverte dans la communauté où les gens sont tous sur le même pied d’égalité simplement pour essayer de faire avancer les choses.

Sandi :
De plus, nous communiquons des données scientifiques prouvées. Les gens obtiennent donc des renseignements fondés sur des faits, ce qui est essentiel.

Lisa :
Sandi, à Audacieu(se), nous posons toujours les trois mêmes questions. Quelle est votre réalisation la plus audacieuse?

Sandi :
Lisa, je suis toujours audacieuse. En fait, je crois que peut-être… En fait, non. J’amasse actuellement des fonds pour une bonne cause. Je dois être audacieuse. Donc, c’est ma réalisation la plus audacieuse. Voilà.

Lisa :
Fantastique. À vous la parole, Katie.

Katie :
Désolée! La question était de savoir à quel moment vous avez fait preuve d’audace.

Lisa :
Oui. Quelle est votre réalisation la plus audacieuse?

Katie :
Je crois… que je n’ai pas vraiment de réponse à cette question. Je crois que j’ai fait preuve d’une grande détermination quand je cherchais un partenaire de vie. Je n’ai vraiment pas fait de compromis. Bien sûr, j’ai dû danser avec beaucoup de ringards, et mon mari est en fait mon premier petit ami. Je sais que ça semble idiot, ce n’est pas vraiment un exemple d’émancipation féminine, mais j’ai vraiment l’impression d’avoir attendu de trouver la bonne personne et de l’avoir choisie. Je me suis sentie un peu seule au cours de ce processus, mais j’ai bien fait d’attendre. C’est moi qui l’ai invité à sortir en premier, donc voilà.

Sandi :
C’est audacieux.

Katie :
C’est audacieux. C’était audacieux.

Lisa :
Katie, y a-t-il un moment où vous auriez aimé être plus audacieuse?

Katie :
J’aimerais être plus audacieuse au quotidien pour améliorer un aspect de ma personnalité. J’ai simplement l’impression, surtout au travail, de surveiller mes paroles afin de ne blesser personne, et d’être inclusive et respectueuse, mais j’aimerais être plus audacieuse au quotidien.

Lisa :
Sandi, à vous de répondre à la question. À quel moment auriez-vous aimé être plus audacieuse? Vous avez dit que vous étiez toujours audacieuse, donc…

Sandi :
J’ai toujours été audacieuse, c’est vrai. Mais je crois que dans ma jeunesse, je manquais de confiance. On ne peut pas revenir en arrière, mais l’une des choses que je retiens assurément, c’est : « Oui. J’ai vraiment manqué de confiance à cet égard. » Par conséquent, je n’ai pas été aussi audacieuse que j’aurais pu l’être. J’espère que c’est ce que j’ai appris à ma fille, et qu’elle enseignera à la sienne à être audacieuse, car vous êtes fabuleuses.

Katie :
Je crois que ça a sauté une génération, car ma mère est très audacieuse et ma fille, Georgia, est exceptionnelle. Elle est comme une femme du Sud de 50 ans, elle ne se laisse pas marcher sur les pieds et parle avec beaucoup de sagesse.

Sandi :
Absolument!

Lisa :
Voilà qui m’amène à ma prochaine question, Sandi. Que diriez-vous à la petite fille de 12 ans que vous étiez?

Sandi :
Je dirais à la petite fille de 12 ans que j’ai été d’écouter son cœur et de rester fidèle à elle-même.

Katie :
Je crois qu’à l’âge de 12 ans, je manquais un peu d’assurance, comme beaucoup de jeunes de cet âge. Donc, je dirais de vivre dans l’amour. Je crois que je considérais que beaucoup d’adolescents de 12 ans étaient coupables jusqu’à preuve du contraire. Je crois que j’aurais pu être plus aimable avec les gens au premier contact. Je crois que j’étais plutôt renfermée à 12 ans. Tu ne crois pas? Tu me regardes bizarrement.

Sandi :
Je crois que tu as un très grand cœur, et ça a toujours été évident quand tu étais enfant. Je pensais que tu étais très empathique envers tous les autres enfants, et qu’ils t’admiraient pour cette qualité. Tu faisais preuve d’un grand leadership. Je ne te l’ai jamais rappelé. De toute évidence, je dois te le rappeler.

Katie :
Alors, qu’est-ce que je devrais répondre à cette question?

Sandi :
Ta réponse était bonne. C’était ton point de vue, mais encore une fois, lorsqu’une personne se regarde, elle ne voit que le négatif et a tendance à ne pas voir le positif. Nous devons nous aimer davantage en tant que femmes, n’est-ce pas? Je crois que nous devons nous aimer davantage.

Lisa :
C’est ce qui conclut cet épisode d’Audacieu(se), qui vous a été présenté par BMO pour Elles. Nos invitées d’aujourd’hui étaient Katie et Sandi Treliving, du programme womenmind du CAMH. Ici Lisa Bragg. Si le balado vous a plu, veuillez le partager avec les membres de votre réseau afin qu’ils puissent écouter des histoires de femmes qui se distinguent, destinées à leurs semblables. Vous pouvez également vous abonner et nous dire ce que vous avez pensé de l’épisode. Merci à notre équipe de production de MediaFace. Merci de votre attention!

 

À propos du balado :
Présenté par BMO pour Elles et animé par la journaliste et entrepreneure primée Lisa Bragg, Audacieu(se) propose des entretiens qui suscitent la réflexion et qui incitent les auditeurs à prendre des décisions audacieuses, dans la vie comme en affaires.