Noemi Perez vous dirait que certaines personnes l’ont déjà considérée comme un échec. Née dans l’une des collectivités les plus pauvres des États-Unis, elle est devenue mère à 15 ans. Comme Noemi le dit à Lisa Bragg, animatrice d’Audacieu(se), elle prouve aux gens qu’ils ont tort depuis des décennies. Maintenant, en tant que chef de la direction de la Fondation Immokalee, elle aide les autres à tracer leur propre voie vers la réussite.
Noemi Perez :
Croyez en vous, parce que vous êtes votre premier partisan. Vous devez le faire, car rien ni personne n’a le pouvoir de vous définir ou de définir votre avenir. Et lorsque vous le savez, que vous le ressentez et que vous le vivez chaque jour, personne ne peut vous arrêter. À ce moment-là, il est impossible de vous arrêter.

Lisa Bragg :
Noemi Perez est née et a grandi à Immokalee, en Floride, où, traditionnellement et actuellement, la population est principalement composée de travailleurs migrants et d’immigrants. Environ 40 % des résidents vivent sous le seuil de pauvreté. Même s’il s’agit de personnes attentionnées et fières, elles peuvent difficilement échapper aux statistiques déterminantes qui caractérisent cet endroit. Mais Noemi travaille à changer ce cycle de vie et a une vision audacieuse pour l’avenir.

Lisa Bragg :
Bienvenue à Audacieu(se), un balado relatant des histoires de femmes qui se distinguent, destiné à leurs semblables, et qui vous est présenté par BMO pour Elles. Ici Lisa Bragg.

Lisa Bragg :
Naples, en Floride, est l’un des endroits les plus riches aux États-Unis; à seulement 40 miles (65 km) au nord-est se trouve Immokalee.

Noemi Perez :
Cela se prononce « ee-mock-ah-lee » et signifie « ma maison ».

Lisa Bragg :
Noemi, Immokalee fait partie intégrante de votre histoire. C’est une région rurale et agricole. Et vous m’avez dit que la région compte de nombreuses générations de travailleurs migrants et d’immigrants. Mais aujourd’hui, les visages proviennent principalement du Mexique, du Guatemala et d’Haïti. Parlez-nous d’Immokalee, votre ville natale, et donnez-nous une idée d’une journée type là-bas pour bon nombre de ces personnes.

Noemi Perez :
Chaque jour, les gens se lèvent vers 4 h du matin, se préparent à sortir et bon nombre d’entre eux se déplacent à pied. Le transport représente donc un défi. Ils marchent jusqu’à une petite épicerie familiale locale, puis attendent que l’autobus vienne les chercher. Par ailleurs, s’ils ont des enfants à la maison, ces enfants ont habituellement un frère ou une sœur plus âgé qui se lève tôt le matin afin de préparer les plus jeunes pour l’école. Bon nombre d’entre eux, qu’ils marchent ou prennent l’autobus, amènent leurs frères et sœurs à l’école. Les parents rentrent habituellement vers 18 h ou 19 h, et ont parfois juste assez de temps pour manger quelque chose. Puis, ils se dépêchent, car ils occupent parfois un autre emploi à l’usine de conditionnement. Bien souvent, tout dépend de la dynamique familiale. Certaines familles ont une grand-mère, une tante ou une personne qui vit aussi avec elles, et qui aide à gérer les enfants.

Noemi Perez :
Mais dans la plupart des cas, ce sont les parents qui sont dans les champs, dès 6 h ou 7 h le matin, sous un soleil de plomb, en hiver ou sous la pluie. Et ils ne rentrent pas chez eux avant, comme je l’ai dit, 18 h ou 19 h. C’est un travail très dur qu’ils doivent accomplir jour après jour. C’est très rigoureux, on parle de soulever des seaux remplis d’environ 50 livres (23 kg) de produits par-dessus son épaule pour les déposer dans un camion. Imaginez devoir faire cela, sans arrêt, six jours par semaine, peut-être sept, selon le niveau de la demande, et être rémunéré parfois seulement au salaire minimum. Pour eux, il s’agit d’être en mesure de nourrir leur famille et de prendre soin d’elle.

Noemi Perez :
C’est une grande leçon d’humilité pour moi, car j’ai aussi travaillé dans les champs pendant un certain temps. Lorsque je me suis mariée, la famille de mon époux travaillait dans le secteur des produits agricoles, et il a vécu les mêmes types de difficultés que nos étudiants doivent surmonter. Mes parents travaillaient aussi dans les champs, mais mon père a pris sa retraite parce qu’il était blessé. Il ne pouvait donc plus travailler dans les champs, mais c’est ce qu’il faisait lorsqu’il est arrivé aux États-Unis. Puis, il est devenu pasteur. Ma mère est ainsi devenue le principal soutien de famille, parce qu’il était blessé. Il était pasteur et, comme vous le savez probablement, les pasteurs ne gagnent pas beaucoup d’argent. Ils sont davantage considérés comme des personnes qui aident la collectivité..

Noemi Perez :
Ma mère a démarré une petite entreprise chez elle; elle offrait des services de garde en milieu familial. Beaucoup de gens l’appelaient « la femme qui murmure à l’oreille des bébés » parce qu’elle avait vraiment un don avec eux. Les enfants l’adorent. Elle est très patiente. Je lui dis toujours que même si elle considérait qu’il s’agissait juste d’une garderie, elle était en fait enseignante, car elle était la première personne auprès de laquelle les enfants ont commencé à apprendre. Elle a en quelque sorte fait d’eux ce qu’ils étaient lorsqu’ils sont entrés en prématernelle ou en maternelle. Je lui dis qu’elle a fait un travail très important.

Lisa Bragg :
Ces parents formidables essayaient vraiment de changer les choses dans le monde dans lequel ils vivaient. Vous avez grandi dans une collectivité très fière, mais très pauvre. Y a-t-il eu un moment formateur pour vous, où vous vous êtes dit : « Je vais changer les choses pour moi et pour les gens de cette collectivité »? Avec le recul, y a-t-il eu un moment qui a vraiment changé la donne pour vous?

Noemi Perez :
Je ne crois pas qu’il y ait eu un moment en particulier, mais plutôt des petites choses ici et là auxquelles j’ai été exposée. Mon père est pasteur, je dis souvent aux gens que j’ai été élevée comme une vedette du rock, parce qu’on voyageait beaucoup. Bien entendu, nous devions aller à l’école, et au retour de l’école, nous devions préparer nos affaires, car il organisait une réunion pour le renouveau de la foi ou il devait se rendre dans une autre église, dans un autre comté. Il nous arrivait donc de faire de longs trajets en voiture, de ne pas rentrer à la maison; je faisais mes devoirs pendant le service, je m’endormais probablement sous les bancs et on rentrait à la maison vers minuit. Puis je me levais vers 6 h du matin pour aller à l’école. C’est quelque chose qui arrivait souvent lorsque nous étions jeunes.

Noemi Perez :
J’ai beaucoup observé ce que faisait mon père pour les gens; il était connu comme « l’homme qui marche » à Immokalee, car il se déplaçait partout à pied. Il était très important pour lui de faire attention à sa santé et de rester actif, surtout après son accident, parce qu’il avait un problème à la cheville. Il marchait toujours et s’assurait d’aller à la rencontre des autres. Il ressentait toujours cet appel lorsqu’ils rencontraient des gens dans la rue, et il savait s’ils avaient besoin d’aide d’une façon ou d’une autre. Il priait pour eux, les mettait en contact avec d’autres ressources ou leur donnait le peu d’argent qu’il avait dans la poche; voilà ce qu’il faisait.

Noemi Perez :
J’ai été témoin de cela et, souvent, pendant la fin de semaine, j’allais marcher avec lui et je voyais des gens l’aborder. J’étais très fière de lui parce que tout le monde le connaissait. Ils savaient que lorsqu’ils avaient besoin de quelque chose, ils pouvaient le lui demander, car ils avaient suffisamment confiance en lui.

Noemi Perez :
J’ai aussi vu la détermination et le courage de ma mère, qui a dû devenir l’unique soutien de famille. Elle a aidé mon père à vivre ses rêves et à assurer son rôle de pasteur, et elle avait le même type de vision; le fait de voir un mariage au sein duquel il y avait tant de soutien m’a aussi beaucoup touchée. Et puis, il y a des petites choses ici et là, comme parler aux enseignants.

Noemi Perez :
Et puis, il y a des petites choses ici et là, comme parler aux enseignants. Pour quelque raison que ce soit, lorsque j’étais jeune, j’étais toujours plus intéressée par les personnes plus âgées. J’ai toujours eu l’impression d’avoir une vieille âme. J’étais beaucoup plus mature que la plupart des autres personnes de mon âge. Je pensais à des choses différentes. Cela vient peut-être de la façon dont j’ai été élevée, mais je m’inquiétais de certaines choses, comme l’aspect financier. C’était des choses auxquelles les autres enfants n’auraient même pas pensé.

Noemi Perez :
Je me souviens que nous nous rendions dans une autre ville appelée Fort Myers, à environ une heure d’Immokalee, pour faire l’épicerie environ une fois toutes les deux ou trois semaines, parce qu’il n’y avait pas de grand supermarché à Immokalee. Nous nous promenions souvent en voiture, et je me souviens qu’il y avait un immense immeuble au coin du boulevard Martin Luther King Jr. Je me suis toujours demandé ce que faisaient les gens qui s’y trouvaient. Quel était ce bâtiment? J’étais très intriguée. Un jour – je crois que j’avais huit ou neuf ans – nous passions devant cet immeuble de nouveau. Il me fascinait toujours autant. J’ai dit à ma mère : « Tu vois cet immeuble, maman? », et elle m’a répondu : « Oui ». Je lui ai dit : « Un jour, j’en aurai un comme celui-là ». Elle m’a répondu : « Oui, tu en auras un ». Ce fut un véritable moment d’émancipation vécu auprès de ma maman, que je respectais pour tout ce qu’elle faisait. Elle aurait pu répondre « Es-tu folle? Comment peux-tu penser une chose pareille? », mais elle m’a encouragée, elle a continué d’alimenter cette flamme.

Noemi Perez :
Ce sont différents moments que j’ai vécu tout au long de ma vie.Je ne peux pas choisir juste une seule petite chose. Et l’une des choses que mon père m’a toujours dites, c’est que j’allais vivre de nombreuses expériences différentes, et davantage des mauvaises que des bonnes. Mais il m’a dit que quoi qu’il arrive, on apprend toujours, et qu’en vivant une mauvaise expérience, on ne fait pas que trébucher, mais on apprend de celle-ci, on l’évalue et on se relève. Et c’est souvent ce que j’ai fait.

Lisa Bragg :
Il est parfois difficile de voir à l’extérieur. Lorsque vous faisiez ces voyages à Fort Myers et que vous voyiez ces grands immeubles, vos parents avaient de toute évidence un état d’esprit positif. Mais en repensant à votre enfance, aviez-vous de la difficulté à voir au-delà de l’endroit où vous habitiez? Souvent, il faut voir les choses pour arriver à les faire. Que pensez-vous de cela?

Noemi Perez :
Oui c’était difficile. Vous savez, quand vous êtes enfant de pasteur, vous êtes souvent dans une bulle et vous vous dites que votre vocation est le ministère et que c’est ce que vous allez faire. Vous restez dans votre collectivité. Nous n’avions pas grand-chose à espérer; parmi bon nombre des personnes qui nous entouraient, le taux de grossesse chez les adolescentes était élevé, on n’entendait pas beaucoup parler d’étudiants qui obtenaient leur diplôme d’études secondaires, et encore moins d’étudiants qui allaient à l’université. C’était soit vous déterminiez si l’école était faite pour vous avant l’âge de 16 ans, soit vous ne perdiez pas votre temps et commenciez à gagner de l’argent. Qu’il s’agisse d’aller dans les champs ou de travailler dans une épicerie locale ou dans n’importe quel magasin d’Immokalee. Parfois, vous ne pouviez même pas penser à aller travailler à Naples, à Fort Myers ou n’importe où à une heure de route, parce que vous ne saviez pas comment vous y rendre. C’est insensé. On ne parlait même pas de la possibilité de posséder une entreprise. Personne n’a jamais mentionné cela.

Noemi Perez :
Il y avait de nombreuses dynamiques différentes. Et pour moi, je crois que mon évasion était… vous savez on voit des choses à la télé, n’est-ce pas? On y voit différentes choses. Mais je peux vous dire que certains enseignants ont eu une incidence sur moi, parce qu’ils ont vu mon potentiel. Ils m’en parlaient souvent et nourrissaient mon intérêt pour m’aider à y croire et c’était un facteur très important pour moi afin que je ne baisse pas les bras face aux statistiques qu’on observe souvent à Immokalee.

Noemi Perez :
Mon histoire n’est pas classique et ne ressemble pas à celle des autres. Il y a des gens qui ont obtenu leur diplôme d’études secondaires, sont allés à l’université, ont vécu une excellente expérience à l’université, puis sont revenus dans leur collectivité. Mon histoire est différente, parce que j’ai commencé en faisant moi-même partie de ces statistiques : j’étais une mère adolescente. Je suis tombée enceinte et je me suis mariée à l’âge de 15 ans. Je suis donc entrée dans cette catégorie de gens considérés comme des ratés, parce que j’avais pris cette décision. Dès lors, vous faites partie de cette histoire. Mais moi, j’ai toujours eu l’impression que ce n’était pas la fin. Même si cela était arrivé, ça n’allait pas définir mon avenir.

Noemi Perez :
De nombreuses personnes que j’ai croisées faisaient souvent je ne dirais pas des commentaires, mais elles m’encourageaient. Et je me souviens d’une fois où j’ai rencontré cette femme, j’étais vraiment brisée. Mais je décidais ce que je voulais faire. J’ai toujours su que je voulais obtenir mon diplôme d’études secondaires et que je voulais aller à l’université. L’éducation était essentielle pour moi, peu importe ce qui allait arriver. Cela a toujours été un objectif pour moi. Mon père m’a toujours inculqué que l’éducation était la clé, que le savoir était le pouvoir et que personne ne pouvait m’enlever cela. Je devais continuer et me battre pour obtenir ce que je voulais.

Noemi Perez :
Je me souviens, au moment où j’ai obtenu mon diplôme, je voulais étudier quelque chose. Et en grandissant à Immokalee, vous n’avez pas beaucoup d’options. Il y a des pompiers, des agents de police, des enseignants, mais je ne voulais faire aucun de ces métiers. Il y avait une école technique qui accordait des bourses d’études pour certaines filières – technicien/technicienne en chirurgie, cosmétologie et ce genre de choses.

Noemi Perez :
Je me suis dit que j’aimais bien travailler avec mes mains. J’ai voulu tenter ma chance. J’ai rempli tous les documents pour la demande de bourse, puis j’ai eu une entrevue. Une dame m’a posé des questions. Pourquoi étais-je intéressée? Qu’attendais-je de ce programme? (Je faisais une demande pour suivre le programme de technicienne en chirurgie.) Comment entrevoyais-je cette carrière? Différentes questions. J’ai répondu à toutes ces questions et j’ai eu l’impression d’y être très bien parvenue.

Noemi Perez :
La dame me rappelle pour me dire qu’elle est désolée, mais qu’elle ne peut pas approuver la demande de bourse d’études ni mon inscription au cours. Je lui ai demandé pourquoi. Et elle m’a répondu qu’elle avait l’impression que je faisais juste cela pour dire de faire quelque chose, et que ce n’était pas ma passion. J’étais tellement bouleversée et blessée, parce qu’à mes yeux, cette femme m’empêchait de faire quelque chose que je voulais faire et je me disais qu’elle aurait dû me laisser essayer. On ne peut pas savoir. Je n’avais pas de mentor à ce moment-là. Je n’avais personne vers qui me tourner pour obtenir des conseils ou pour parler de cela. Je faisais les choses un peu sur un coup de tête.

Noemi Perez :
J’en suis donc restée là. Je me suis dit que l’école n’était pas pour moi à ce moment-là, et que j’allais commencer à travailler. J’ai donc commencé à travailler comme caissière dans une épicerie du coin. Et je n’ai jamais oublié ce qui était arrivé, cela a eu une incidence énorme sur moi, mais c’était aussi un défi. Vous me dites non, mais moi je vous dis oui. Et je vais faire quelque chose. Je ne vous laisserai plus définir qui je serai à l’avenir.

Noemi Perez :
Ce qui est drôle, c’est que j’ai vu cette dame dans la collectivité. J’ai eu l’occasion de travailler avec elle dans le cadre de mes fonctions. Et je lui ai raconté cette histoire. Je l’ai remerciée. Je lui ai expliqué que, même si je ne m’en rendais pas compte à ce moment-là, elle m’avait mise sur la bonne voie. J’étais en train de faire un détour et elle m’avait en quelque sorte amenée là où je devais aller. Elle m’a dit : « Oh, mon Dieu », parce qu’à l’époque, elle s’était sentie mal. Je lui ai répondu : « Non, non, non, je vous parle de ceci pour vous remercier. » Je n’oublierai jamais cet épisode, car je me souviens à quel point j’étais bouleversée et blessée, mais aussi à quel point cela m’avait rendue déterminée.

Lisa Bragg :
C’est un moment de formation. Mais qu’est-ce qui vous a fait faire un bond en avant?

Noemi Perez :
Une femme passait souvent à ma caisse, et un jour elle s’est arrêtée et m’a dit qu’elle avait une occasion pour moi si je le souhaitais. Elle m’a dit : « Les services de santé locaux recrutent des personnes. Ils cherchent une adjointe administrative, et la recruteuse est très sélective avec les personnes qu’elle voit en entrevue, mais je crois vous êtes la candidate idéale, en raison de votre personnalité et de tout le reste. » J’ai dit « D’accord », parce qu’à ce moment-là, je crois que je touchais un salaire d’environ 7 $ de l’heure. Et je savais que ça allait être beaucoup mieux payé, peut-être 10 $ de l’heure. Je me disais qu’en gagnant plus, je pourrais davantage aider ma famille.

Noemi Perez :
J’ai donc passé l’entrevue. Je n’oublierai jamais cette superviseure, parce qu’elle est l’une de celles dont j’ai beaucoup appris; je dirais qu’elle était l’une de mes mauvaises mentores. Mais j’ai beaucoup appris. J’y suis allée, je l’ai rencontrée. Dans l’ensemble, c’était une personne très différente; très franche et peu accueillante. Elle n’était pas très gentille. Elle a fini par m’embaucher, et ce qui est bien, c’est que j’étais très douée en informatique et que j’apprenais rapidement. Tout ce qu’elle me demandait de faire, je l’accomplissais très rapidement. Et ça lui plaisait beaucoup; quoi qu’il en soit, elle n’a jamais vraiment été trop irrespectueuse envers moi, mais, de toute façon je ne m’en souciais pas, j’aimais ce que je faisais. J’étais heureuse d’avoir un autre emploi. J’apprenais des choses et c’était formidable. J’ai aussi rencontré d’autres personnes que j’aimais beaucoup et que j’ai appris à connaître sur le plan personnel.

Lisa Bragg :
Par la suite, vous avez occupé plusieurs postes administratifs, principalement liés aux subventions, et vous vous êtes jointe à la Immokalee Foundation en 2008. Qu’avez-vous ressenti en vous joignant à cette organisation pour la première fois?

Noemi Perez :
Je suis tombée en amour. Je suis tombée en amour avec absolument tout : les programmes sur lesquels la fondation travaillait à ce moment-là et ce qu’elle envisageait pour l’avenir. Le simple fait de pouvoir tisser des liens avec des étudiants était effrayant. C’était très effrayant pour moi, parce que les adolescents sont incroyables. Je devais apprendre à les connaître, mais je savais que je devais, d’abord et avant tout, établir un lien de confiance avec eux, que je ne pouvais pas arriver et exiger quoi que ce soit.

Noemi Perez :
C’était une première année très intéressante. Encore aujourd’hui, je considère ces étudiants – mes premiers étudiants – comme mes amis. Ils m’appellent, ils sont mariés, ont des enfants, je leur dis d’arrêter, parce qu’ils me font sentir vieille. Mais j’ai noué des amitiés durables avec tous les étudiants que j’ai rencontrés. Tout au long de ma carrière à la fondation, j’ai saisi toutes les occasions, et quand les gens avaient peur de faire certaines choses, je regardais toujours ce qu’il y avait de positif. Nous étions en pleine croissance, et il y avait des choses que nous ne pouvions pas nous permettre, parfois, nous ne pouvions pas nous permettre d’embaucher un autre membre du personnel, alors je travaillais 16 heures par jour, parce que les étudiants sont notre responsabilité. Et c’est ce que nous nous sommes engagés à faire.

Noemi Perez :
Je crois donc que dès le début, je n’ai jamais considéré mes fonctions à la fondation comme un emploi, mais comme une partie de ma vie. À mon avis, le fait de voir les choses sous un autre angle m’a donné l’occasion de faire différentes choses. J’étais représentante des étudiants, et j’ai été promue à un poste de coordonnatrice, puis de directrice de programme. Ensuite, j’ai été directrice générale de programme pendant environ trois ans, jusqu’à ce que le conseil d’administration me nomme au poste de chef de la direction. Beaucoup de choses différentes se sont produites, et je ne changerais rien.

Noemi Perez :
Je me souviens comme si c’était hier de la deuxième année; nous étions dans un petit bureau, nous étions cinq à travailler dans ce petit bureau. À ce moment-là, la directrice générale était une femme. J’ai toujours eu beaucoup de respect pour elle. Elle est entrée dans le bureau et s’est dirigée vers la salle de conférence, car nous allions avoir une réunion. Je me souviens de m’être dit à ce moment-là qu’un jour je serais à sa place et je dirigerais cette organisation. C’était mon objectif. C’est à ce moment-là que j’ai pris cette décision pour moi-même, et je l’ai exprimée.

Noemi Perez :
Tout le monde le savait, parce qu’on nous posait cette question : « Que vous voyez-vous faire? » « Je veux devenir chef de la direction. C’est ce que je veux faire. Et si j’en ai l’occasion, tant mieux. Si ce n’est pas le cas, que dois-je faire? Pourquoi pensez-vous que je n’en ai pas l’occasion? » Je n’ai jamais eu peur d’exprimer mes rêves et mes objectifs. C’était déjà le cas quand j’avais huit ans et que j’en parlais à ma mère. Je n’étais pas gênée. J’en parlais tout haut, car si je ne le faisais pas, ces objectifs ne se concrétiseraient pas.

Lisa Bragg :
Beaucoup de gens ont peur de cela. Quel conseil donneriez-vous aux personnes, aux femmes, pour qu’elles soient en mesure d’exprimer le fait qu’elles ont un poste en vue afin de rendre les choses réelles?

Noemi Perez :
Je crois que très souvent, les femmes, en particulier, ne veulent froisser personne. Nous ne voulons rien dire. Et cela dépend aussi de la façon dont on a été élevé. Je crois que je peux témoigner pour ce qui est des Hispaniques. Dans notre culture, on nous apprend à ne pas nous exprimer, à ne rien dire avant que les autres nous parlent, à ne rien divulguer. Il faut être très discret. C’est un aspect très important de notre culture, il faut être discret et ne rien divulguer. Je me disais, quel mal y a-t-il à le faire? En fin de compte, quel mal y a-t-il à le faire? Les gens étaient surpris. Pour revenir à l’histoire que je racontais plus tôt au sujet de la dame et de la bourse d’études… déjà à ce moment-là, on ne m’a jamais vraiment répondu « Oui, c’est une excellente idée! ». Ce moment m’a changée au point où j’étais déterminée, non pas à lui prouver le contraire, mais davantage à me concentrer sur un objectif. Je ne savais pas comment m’y prendre, ni quel était précisément l’objectif à ce moment-là. Je savais simplement que j’avais un objectif.

Noemi Perez :
Mon objectif ne s’arrêterait pas là, car, comme je l’ai mentionné, l’éducation a toujours été un aspect important pour moi. Même si j’avais un diplôme d’études secondaires, et que j’avais déjà intégré la fondation, je savais que je voulais aller à l’université. Alors, qu’ai-je fait? Je travaillais à temps plein, j’étais maman à temps plein et j’ai fréquenté l’université à temps plein. C’était un objectif, c’était quelque chose que je devais faire. Et lorsque j’ai commencé à travailler pour la fondation, j’étais davantage pressée par le temps; c’est là que quelque chose s’est déclenché. Je suis là, à fournir des conseils aux étudiants et à leur dire d’aller à l’université, d’obtenir un diplôme, et de faire ceci ou cela. Je suis hypocrite. C’est l’autre aspect qui m’a vraiment poussée. Je me suis dit que c’était vraiment le moment d’agir. Parce que ces jeunes comptaient sur moi pour obtenir des conseils, et ils me considéraient comme un modèle. Et je l’ai fait. En quatre ans, j’ai pu obtenir mon baccalauréat en administration des affaires.

Noemi Perez :
Et vous savez, je me dis que ce n’est pas encore terminé – ce qui fait toujours rire mes enfants et mon mari. J’ai toujours des objectifs pour ce qui est des études. Je n’y arriverai peut-être pas au cours des deux prochaines années, mais un jour, je cocherai cette case.

Lisa Bragg :
Quel est votre prochain objectif? L’avez-vous exprimé?

Noemi Perez :
Oui, je l’ai exprimé à mon mentor, à mon mari et à mes enfants, car je veux les préparer. Je veux obtenir ma maîtrise, puis mon doctorat.

Lisa Bragg :
Excellent. Ce sont d’excellents objectifs. Quel est votre objectif pour la Immokalee Foundation? Dites-nous-en plus.

Noemi Perez :
L’objectif est immense. Je crois que les gens, en particulier les membres de mon équipe, deviennent un peu nerveux lorsque je commence à localiser les choses. Je souhaite que la fondation puisse aider chaque étudiant à Immokalee. Je sais que c’est un objectif important, car rien que dans le système scolaire allant de la maternelle à la 12e année, nous avons 6 000 élèves. À l’heure actuelle, nous venons en aide à 1 400 d’entre eux, de la maternelle à l’enseignement postsecondaire. C’est un objectif important. Mais, vous savez, je crois que nous avons des donateurs exceptionnels, des partenariats exceptionnels, des partisans qui croient en ce que nous faisons, et un personnel extraordinaire qui est très passionné par ce que nous faisons. Je pense que, parfois, ce que j’énonce peut leur faire peur. Mais au bout du compte, ils s’enthousiasment, parce qu’il n’y a rien de comparable au travail que nous accomplissons; nous transformons des vies chaque jour. Il n’y a rien de plus gratifiant que de pouvoir voir les rêves se réaliser. C’est ce que nous faisons. Et nous ne le faisons pas seuls, il faut un tout un village. C’est pourquoi tous ces partenaires et tout ce que nous avons mis en place dans le cadre de ce programme sont si importants pour nous et pour notre réussite.

Lisa Bragg :
Le fait que vous n’ayez laissé personne vous définir est un aspect très important. Et maintenant, vous ne laissez pas les gens définir les jeunes dont vous vous occupez. Dites-nous-en un peu plus à ce sujet.

Noemi Perez :
C’est essentiel, et j’ai l’impression que je ne maîtrise pas encore ce sujet. Les choses évoluent encore ici et là, selon la personne à qui vous parlez et votre public. Mais quand je parle d’apprendre de nos différentes expériences, c’est étroitement lié. Il faut bien comprendre que tout commence par l’amour de soi. D’abord et avant tout, vous devez accepter qui vous êtes, vous devez aimer la personne que vous êtes, vous devez savoir que Dieu vous a créé(e) en tant que personne unique qui a son propre ADN. Utilisez-le à votre avantage.

Noemi Perez :
Parfois, j’ai l’impression que les gens ont subi cette situation, et je l’ai subie moi-même : vous voulez vous intégrer, vous évoluez dans un groupe de personnes auxquelles vous voulez ressembler, et vous ne vous sentez pas bien, parce que vous avez l’impression de devoir faire des efforts. Et vous ne devriez pas, vous ne devriez pas vous sentir ainsi lorsque vous essayez d’être vous-même. Les gens vous diront peut-être que vos rêves sont fous. Servez-vous de cela pour faire surgir l’étincelle. Les choses ne se passeront peut-être pas comme vous l’imaginiez.

Noemi Perez :
Cela a été le cas pour mon parcours. Je regardais cet immeuble. Je ne savais pas de quoi il s’agissait ni quel était le titre, mais je sais maintenant que je voulais dire que je serais chef de la direction un jour. C’est ce que je voulais dire. Je ne le savais pas. Mais je suis ici aujourd’hui. Je crois que bien souvent, les gens veulent avoir un plan, n’est-ce pas? Ils veulent qu’il soit très détaillé pour pouvoir dire « Voilà mon parcours, je vais en suivre chaque étape et parvenir à mes fins. » Je n’aurais même pas aimé ça. Je suis heureuse que nous procédions comme nous le faisons, car nos parcours sont très différents à tous points de vue. Mais je sais que, souvent, les gens ont peur, en particulier les femmes, d’exprimer et de partager leurs rêves et leurs aspirations. Je dirais simplement qu’il faut trouver autour de vous des personnes qui continueront à vous donner les moyens d’agir. Même ceux qui ne vous donnent pas de pouvoir vous aident dans votre parcours. Mais ne baissez jamais les bras. Il y a une raison pour laquelle vous avez un rêve. Il y a une raison à cela. Notez-le, exprimez-le et trouvez différentes façons de le réaliser.

Noemi Perez :
En ce qui me concerne, j’ai utilisé ce dans quoi j’étais douée. J’étais douée pour parler aux gens et les faire se sentir bien. Je parvenais à les faire se sentir importants, et à égalité. J’ai rapidement gagné leur respect parce qu’ils savaient que je n’étais pas fausse. Qu’il s’agisse d’une personne qui vit dans la rue ou du président des États-Unis, tout le monde met son pantalon une jambe à la fois. Et je vais respecter chacune de ces personnes, car en tant qu’êtres humains, c’est notre mission de nous respecter les uns les autres et de nous valoriser les uns les autres.

Noemi Perez :
Il s’agit simplement de faire le saut. Tout va bien aller. Vous n’allez pas mourir. Faites-le, simplement. Les gens vous diront peut-être « Non, ce n’est pas toi » comme me l’a dit cette dame. Elle avait raison. « Non » peut vouloir dire « Non, pas pour le moment », mais si vous persévérez, vous vous dirigerez vers quelque chose d’autre. C’est l’aspect unique de la vie.

Lisa Bragg :
Comme vous le disiez, qu’on soit une personne dans la rue ou le président : ce qui se passe aujourd’hui n’a pas à définir la personne qu’on veut être ou la personne qu’on sera à l’avenir.

Noemi Perez :
Quand je repense au passé, si on m’avait dit que je ferais toutes ces choses différentes avant d’arriver là où j’allais me rendre, j’aurais dit : « C’est de la folie. Je suis déjà épuisée. » C’est tout simplement fascinant quand je revois la petite fille d’Immokalee que j‘étais… J’ai simplement fait fi de toutes les étiquettes que les gens m’avaient attribuées en raison des statistiques, et j’ai dit : « Pas question ». Vous savez, les gens me disent que je dois raconter mon histoire, et je me demande toujours pourquoi, car je pense qu’il n’y a rien d’intéressant à mon sujet. Mais ils l’entendent et ils me disent de le faire parce que les filles ont besoin de l’entendre aussi. Et je sais que c’est vrai.

Noemi Perez :
Peu importe si vous êtes un homme ou une femme : croyez en vous, parce que vous êtes votre premier partisan. Vous devez le faire, car rien ni personne n’a le pouvoir de vous définir ou de définir votre avenir. Et lorsque vous le savez, que vous le ressentez et que vous le vivez chaque jour, personne ne peut vous arrêter. À ce moment-là, il est impossible de vous arrêter.

Lisa Bragg :
Au cours d’une conversation précédente, vous m’avez raconté l’histoire d’Oscar, qui, par l’intermédiaire de la fondation et dans le cadre de vos efforts, est devenu un ingénieur agréé. Quel effet cela vous fait-il de le voir – lui et tous les enfants avec qui vous travaillez – redéfinir Immokalee et faire mentir les statistiques?

Noemi Perez :
Les voir traverser la scène, que ce soit pour leur diplôme d’études secondaires, leur diplôme d’études postsecondaires ou leur premier emploi, c’est ce qui fait que le jeu en vaut la chandelle. Tout le travail, tout ce que vous avez vécu avec cette personne… tout cela disparaît, parce que c’est ce que nous faisons, nous avons transformé la vie d’Oscar. Et il ne s’agit pas que d’Oscar, nous transformons la vie de tant d’étudiants. Si nous n’avions pas été là pour les guider et leur présenter des gens – parce que nous savons que le réseautage est très important –, ils n’auraient pas appris tout ça. Même si j’apprécie mon parcours, je sais que si j’avais eu la Immokalee Foundation dans ma vie, les choses auraient été différentes. Et cela m’aurait probablement évité des tracas et des difficultés.

Noemi Perez :
Ce qui compte pour nous c’est de pouvoir atténuer le stress lié au fait de savoir ce que vous voulez faire, ce qui vous intéresse et ce que vous voulez étudier, afin que vous trouviez une carrière. Oscar travaille ici, à l’échelle locale. Et c’est ce qu’il voulait faire. Il voulait rester ici, près de chez ses parents, parce qu’il est très proche d’eux. Nous avons donc été en mesure de créer cette formidable histoire pour lui. Et il y en a tellement d’autres, vous savez, ils viennent me voir, m’envoient des messages texte ou m’appellent. Je viens de voir une étudiante, j’étais à la FGCU (Florida Gulf Coast University). Elle était à la bibliothèque et m’a dit : « Oh, mon Dieu, c’est vous! » C’est fou, non seulement ils me remercient, mais ils me disent aussi qu’ils sont très fiers de moi, fiers de là où j’en suis et que personne ne peut faire les choses mieux, et ces mots ont une grande importance pour moi. Parce que, vous savez, même si vous avez l’impression de leur apporter beaucoup, rien ne vaut tout ce qu’ils vous apportent en retour.

Lisa Bragg :
Vous avez figuré dans un grand nombre de classements, comme des « Top 40 », et dans diverses listes, et vous avez remporté des prix en tant que chef de la direction… mais est-ce que les commentaires venant de tous ces jeunes gens que vous avez aidés comptent plus pour vous que tous ces classements?

Noemi Perez :
Oh oui, tout à fait. J’ai reçu en cadeau pour Noël – je crois que c’était Noël – un recueil de citations provenant de différents étudiants, d’environ 12 étudiants je crois, et je l’ai à la maison. Je le regarde chaque jour. C’est ce qui fait que ça en vaut la peine. Je sais que ma passion, c’est d’abord et avant tout ma foi, parce que c’est quelque chose que mes parents m’ont inculqué, et servir les autres – que ce soit la famille, la collectivité ou n’importe qui d’autre – est une autre de mes passions. Et tout cela vient de la façon dont j’ai grandi et de la communauté d’Immokalee, parce que c’est ce que nous sommes.

Noemi Perez :
La foi est notre socle, nous aimons notre collectivité et en sommes fiers. Et je dis souvent aux gens qu’ils ne doivent pas venir ici et se sentir désolés pour Immokalee. Il y a beaucoup de choses formidables à Immokalee; nous sommes fiers de ce que nous sommes et de ce que nous avons. Tout ce dont nous avons besoin, c’est de plus nombreux encouragements. Plantons davantage de graines chez nos jeunes et d’autres personnes ici. Il ne s’agit pas de faire l’aumône, mais de donner un coup de main.

Noemi Perez :
C’est ce que j’offre toujours. C’est ce que je dis à tout le monde lorsqu’on parle d’Immokalee, parce que oui, il y a des statistiques, oui, c’est une collectivité où les choses ne sont pas faciles, mais ses membres sont très fiers de ce qu’ils sont et de leur culture. Et une partie de cette culture est celle que nous avons à la fondation : nous nous traitons comme une famille. C’est lorsque vous changez cette dynamique et que vous vous souciez les uns des autres que les gens aiment être là. Et l’une des choses que je dis toujours aux membres de mon équipe, c’est que notre objectif premier est d’aider ces jeunes. Peu importe notre programme, la question est de savoir s’il vise à améliorer le sort de ces étudiants – pas le mien, ni le vôtre –, parce que ce n’est pas ma fondation, c’est la Immokalee Foundation. Je crois que la clé est de ne jamais oublier notre vocation et la raison pour laquelle nous sommes ici.

Lisa Bragg :
Noemi, à Audacieu(se), nous posons toujours ces trois questions : Racontez-nous une occasion où vous avez fait preuve d’audace.

Noemi Perez :
Je ne le sais tout simplement pas. J’en ai peut-être une autre définition. Quand je suis passionnée, et que je crois en quelque chose, j’ai l’impression que c’est à ce moment-là que je deviens audacieuse. Je ne sais pas, c’est peut-être le moment où j’ai obtenu ma licence d’entrepreneure, et que j’étais la seule femme dans une salle remplie d’hommes; je crois que c’était assez audacieux. Je me sens peut-être comme ça chaque jour; ce n’est pas que je m’en moque, mais comme je l’ai mentionné, j’ai une énorme responsabilité. Je représente notre collectivité. Je dois être la voix, je dois aller sur le terrain. Je dois m’assurer que notre collectivité va bien et nos étudiants vont bien.

Lisa Bragg :
À quel moment auriez-vous aimé être plus audacieuse?

Noemi Perez :
Vous savez, je n’ai pas toujours été ainsi, je crois que mon parcours a fait de moi la personne que je suis aujourd’hui. Et il continue à me façonner. Parce qu’il y a trois ans, je n’aurais probablement pas voulu faire ça, en toute vérité. Il m’a fallu beaucoup de temps pour me sentir à l’aise avec ce type de scénario.

Noemi Perez :
Je n’en ai pas parlé, mais en grandissant, j’ai été victime d’intimidation à l’école intermédiaire. J’ai l’impression que j’aurais peut-être dû apprendre à utiliser ma voix et vraiment dire ce que j’avais à dire au lieu d’absorber les choses. Lorsque je me suis mariée, les premiers temps, j’étais généralement silencieuse dans certaines situations, et, comme je l’ai mentionné, je ne voulais froisser personne. Il était préférable pour moi de me taire. Comme je l’ai mentionné, différentes choses se sont produites et m’ont aidée à me mettre en valeur, à comprendre que ma voix avait du pouvoir et que je pouvais l’utiliser à bon escient. Je dirais donc, à l’époque, quand je vivais des moments comme celui-là, peut-être pas dans ma carrière; enfin il y a peut-être eu des moments dans ma carrière, mais je n’en vois aucun parce que, d’habitude, je suis très stratégique dans la façon dont je m’exprime. Je suis vraiment bonne pour ce qui est de l’intelligence émotionnelle, et de la capacité à savoir quand dire ou ne pas dire les choses.

Lisa Bragg :
C’est une bonne transition pour notre prochaine question : que diriez-vous à la petite fille de 12 ans que vous étiez?

Noemi Perez :
Je lui dirais probablement : « Profite du voyage, fais des erreurs, ce n’est pas grave, tout le monde peut se tromper. Prête un peu plus attention à ce que disent tes parents. » Il y a eu une période où, croyez-le ou non, je pensais tout savoir. Lorsque les autres vous donnent des conseils, ce n’est pas pour vous blesser, mais pour vous aider. Je lui dirais d’être audacieuse. D’être audacieuse et courageuse.

Lisa Bragg :
Merci à notre invitée Noemi Perez, chef de la direction de la Immokalee Foundation. Si vous souhaitez en savoir plus sur la fondation, rendez-vous sur le site immokaleefoundation.org. Ici Lisa Bragg. Vous avez écouté Audacieu(se), un balado relatant des histoires de femmes qui se distinguent, destiné à leurs semblables, et qui vous est présenté par BMO pour Elles. Merci à tous ceux qui ont récemment évalué le balado. Cela contribue à aider d’autres personnes à le trouver. Merci de nous écouter.

 

À propos du balado :
Présenté par BMO pour Elles et animé par la journaliste et entrepreneure primée Lisa Bragg, Bold(h)er propose des entretiens qui suscitent la réflexion et qui incitent les auditeurs à prendre des décisions audacieuses, dans la vie comme en affaires.