Lisa Mattam a donné à son entreprise le nom de Sahajan, le mot hindi pour l’intuition. Son entreprise de beauté est fondée sur les traditions ayurvédiques que sa famille utilise, à l’instar des générations précédentes. Elles savaient que cela fonctionnait, et Lisa a entrepris de le prouver au moyen de la science moderne. Comme elle l’indique à Lisa Bragg, son objectif est d’avoir une entreprise dont la durabilité est au cœur de toutes ses actions.

Audio en anglais seulement.

 

Transcription :

Remarque à l’intention du lecteur : Le texte ci-dessous est une traduction d’une transcription verbale d’un balado. La traduction a été effectuée de manière à refléter le plus fidèlement possible le discours des intervenants.

Lisa Mattam :
Les gens sont à la recherche d’occasions axées sur les valeurs. Ils veulent acheter des produits élaborés selon des valeurs auxquelles ils adhèrent.

(Musique)

Lisa Bragg :
Les activités de l’entreprise de Lisa Mattam reposent sur certaines valeurs qui se reflètent également dans les produits, les emballages et le personnel. Tout a commencé lorsqu’elle a réfléchi à l’avenir et au passé.

(Musique)

Lisa Bragg :
Je m’appelle Lisa Bragg et voici Bold(h)er, un balado relatant des histoires de femmes qui se distinguent, destiné à leurs semblables, et qui vous est présenté par BMO pour Elles.

(Musique)

Lisa Bragg :
Vous avez déjà raconté qu’un jour votre fille de deux ans s’était appliqué toutes vos crèmes sur le visage. Pourriez-vous nous raconter cette histoire et ce qui vous a frappée à ce moment-là?

Lisa Mattam :
Je travaillais en tant que conseillère à l’époque. J’étais enceinte de mon fils, et quand je suis rentrée à la maison, ma fille avait joué avec mes produits pour la peau. Les enfants adorent imiter leurs parents. Elle avait pris toutes mes crèmes et mes produits pour la peau, et se les était appliqués partout sur le visage, les bras et le reste du corps. Elle s’était enduite d’une couche épaisse, comme le font les enfants. Je me souviens de l’avoir regardée en haut des escaliers avec toutes ces crèmes et de m’être dit : « Oh, tu es si mignonne. » Je me souviens aussi de m’être dit qu’elle avait probablement l’équivalent d’un million de dollars en produits sur le visage, et qu’elle devait les retirer, car je n’avais aucune idée de l’effet qu’ils pouvaient avoir sur sa belle et jeune peau. De nombreux parents sont très prudents, surtout avec leur premier enfant, ils ont plus tendance à leur donner des carottes biologiques et à faire attention à tous les détails. Je me suis dit que je devais faire attention à cela. Donc, j’ai monté l’escalier et j’ai dit à ma fille : « Tu sais quoi? Tu ne devrais pas jouer avec ça. Ce n’est pas bon pour toi. » Je crois que c’est ce que je lui ai dit. « Si tu veux jouer avec des produits, tu devrais jouer avec ça. » Je l’ai amenée dans sa chambre et je lui ai donné les bouteilles d’huiles que mes parents avaient apportées de l’Inde.

Il s’agissait d’ingrédients et de produits que mes parents auraient utilisés sur moi et que leurs parents auraient utilisés sur eux. Et c’est à partir de ce moment-là qu’une série d’événements m’ont permis de prendre conscience de certaines choses, comme quand les gens ont des révélations dans les films. Je me suis dit : « Oh, mon Dieu. Si je crois que mes produits pour la peau ne sont pas bons pour elle, pourquoi le seraient-ils pour moi? »

De plus, si j’ai pleinement confiance en ces produits, au point de dire à ma fille : « Si tu veux jouer avec des produits, joue avec ceux-ci », c’est qu’ils ont une valeur au-delà de la confiance que je leur porte. Cela a donné lieu à une suite d’événements. J’ai commencé ma carrière dans le secteur des produits pharmaceutiques. J’ai travaillé pour de grandes sociétés pharmaceutiques, ainsi que pour une société de biotechnologie très spécialisée, mais j’ai toujours été intéressée par mon bien-être.

Je fais du yoga depuis longtemps. J’essaie toujours de faire des choix santé et d’adopter de saines habitudes de vie. Donc je me suis demandé : « Pourquoi ai-je mis autant de temps avant de réfléchir à cet aspect? Si au fil du temps j’ai adopté des habitudes qui contribuent à mon bien-être, pourquoi n’ai-je jamais réfléchi aux produits que je me mets sur la peau? » J’avais plusieurs hypothèses, dont l’une était que nous achetons des produits pour la peau afin d’obtenir certains résultats. Nous achetons des produits parce que nous nous sentons fatigués, pour soigner une peau rouge, acnéique ou qui nous semble vieillissante. Du moins, c’est ce qui me pousse à acheter des produits.

C’est ce qui nous motive et nous ne pensons pas vraiment aux ingrédients que les produits contiennent. Je me suis dit que j’allais faire des changements. C’est à ce moment que j’ai commencé à chercher des produits exempts d’ingrédients nocifs, qui étaient très difficiles à trouver en général et encore plus difficiles à trouver au Canada. Les produits bons pour la santé qui étaient disponibles sur le marché l’annonçaient clairement. Je me suis dit qu’il s’agissait d’une occasion à saisir exceptionnelle. D’une part, parce que je connaissais tous ces ingrédients éprouvés et très performants, qui ont été utilisés par ma famille et auxquels je crois. D’autre part, parce que je pouvais prendre les ingrédients qui sont ancrés dans le savoir ancestral de l’Inde, pays d’origine de mes parents, et démontrer aux gens leur efficacité, qui s’appuie sur la science moderne, car je travaillais dans l’industrie pharmaceutique. Et je pourrais montrer aux gens qu’ils peuvent obtenir de meilleurs résultats au moyen de ces merveilleux ingrédients à base de plantes. Voilà, c’est mon histoire. C’est vraiment ce qui m’a motivée à entreprendre ce parcours.

Lisa Bragg :
Cela s’est passé il y a combien de temps?

Lisa Mattam :
Oh mon dieu! Je suis vieille. C’était il y a huit ans, peut-être plus. Oui. Parce que nous avons travaillé sur la formulation pendant quelques années et je travaillais toujours en tant que conseillère lorsque j’ai eu cette idée pour la première fois. J’ai aussi eu un bébé. C’était une période folle. Je travaillais encore à titre de conseillère et j’ai donné naissance à mon enfant alors que je travaillais sur Sahajan. Quelques années plus tard, nous avons démarré l’entreprise et tout s’est concrétisé.

Lisa Bragg :
C’est toute une histoire. Vous faisiez beaucoup de choses en même temps. Si vous y repensez un instant, que diriez-vous à la femme que vous étiez il y a huit ans? Que lui diriez-vous?

Lisa Mattam :
Je lui dirais de prendre son congé de maternité. Je lui dirais… Lorsque vous faites un travail d’introspection… Ce que j’aime de ma personnalité, c’est que lorsque je travaille sur un projet, j’y mets tout mon cœur. Je me souviens d’avoir gardé ce projet pour moi pendant longtemps. Je ne voulais pas que ma famille et mes amis fassent des commentaires et me disent que j’étais folle, donc je n’en ai pas parlé. Puis, quand j’ai commencé à en parler aux gens, ils m’ont demandé si j’avais un plan d’affaires et quelle était la valeur marchande de mes produits. Leurs questions m’agaçaient. Selon moi, c’était une excellente idée. Et ce n’était pas parce que j’avais de l’expérience dans le milieu des affaires, mais parce que c’était un projet qui me tenait vraiment à cœur. Si je pouvais parler à la femme que j’étais il y a huit ans, je lui dirais : « Continue. Tu as une bonne idée. » Je ferais probablement les choses un peu différemment, parce que j’ai acquis de l’expérience, mais je ne changerais rien. Je m’investirais encore dans ce projet sans hésiter.

Lisa Bragg :
Souvent, lorsque quelqu’un démarre une nouvelle entreprise et change de voie, les gens lui demandent : « Quel est ton but? Que comptes-tu faire? Quel est ton plan d’affaires? » Et cette personne répond : « Je n’en ai pas vraiment, parce que j’improvise au fur et à mesure. » Ce qui fait vraiment peur aux gens qui posent les questions, et j’ignore si c’est aussi effrayant pour l’entrepreneur ou la personne qui a l’idée. Était-ce vraiment effrayant pour vous de ne pas savoir où ce projet vous mènerait alors que votre idée prenait forme?

Lisa Mattam :
Non. Je trouvais cette étape très rassurante. D’abord parce que je ne me vois pas comme une personne créative, mais elle a permis de faire appel à ma créativité parce que nous développions des produits. Je faisais affaire avec une petite agence, et nous travaillions à la création de la marque. Tout cela était vraiment emballant. En fait, c’est lorsque les choses deviennent plus officielles et que vous commencez à établir les plans d’affaires et les prévisions, et que vous regardez les chiffres et tout le reste. C’est à ce moment que j’ai senti une certaine peur, parce que je me suis dit : « D’accord. Je sais quels résultats je dois atteindre. Comment vais-je y parvenir? » Et je crois qu’en tant qu’entrepreneure, si vous ne croyez pas que vous pouvez y arriver, alors… C’est comme un château de cartes. Tout s’effondre.

Mais je crois qu’il faut être un peu fou pour être entrepreneur. Il faut l’être. Il y a des gens comme ma mère, je me rappelle… Je travaillais dans l’industrie pharmaceutique, puis je suis devenue conseillère indépendante. Le volume d’affaires et le groupe de travail… Je me souviens que mes parents me regardaient, j’étais la fille de nouveaux immigrants… Mes parents sont venus ici pour avoir une vie plus stable. Mes parents sont venus ici pour offrir une vie meilleure à leur fille. Puis, ils me disaient : « Tu vas quitter ton emploi au sein d’une société figurant au classement Fortune 500. » Encore une fois, cela en dit long sur ma famille. Ils me disaient : « La société te fournissait une BMW, tu y as renoncé, et maintenant tu prends l’autobus pour nous rendre visite. » Ils ne comprenaient tout simplement pas ma décision. Les entrepreneurs doivent être prêts à faire le saut, à prendre un risque et à laisser un peu la logique de côté. La logique n’a pas sa place ici.

Lisa Bragg :
Je crois que tout le monde peut comprendre qu’il est extrêmement difficile de percer dans l’industrie des soins de beauté. Avez-vous dû vous battre pour lancer votre entreprise?

Lisa Mattam :
Je n’ai pas eu à me battre parce que j’ai gardé mon idée pour moi et je n’en ai pas parlé à beaucoup de gens. Personne ne s’y est opposé. Je crois qu’au début, c’était intéressant, car j’avais embauché… Je voulais obtenir mon premier prêt et j’avais fait appel à un conseiller financier pour m’aider à bâtir le modèle d’affaires. C’était intéressant, car il bâtissait le modèle sans difficulté. Je ne suis pas très douée avec Excel. Il fallait tout faire dans Excel et relier les différents éléments.

Mais je me souviens qu’il m’a dit : « Je ne sais pas si les gens auront de l’intérêt pour tes produits. Il ne craignait pas que les gens aient de l’intérêt ou non pour des produits de beauté, mais pour des produits inspirés de la tradition indienne. Il n’avait jamais entendu le mot Ayurveda. L’Ayurveda est la médecine traditionnelle de l’Inde axée sur le bien-être. C’est une pratique parallèle au yoga. Elle existait avant la médecine conventionnelle. Beaucoup de gens connaissent mieux la médecine chinoise traditionnelle. C’est en quelque sorte son équivalent en Inde.

Je crois qu’il avait peut-être du mal à concevoir qu’une entreprise inspirée d’une idée tout à fait unique et d’un concept qu’il ignorait puisse réussir. C’est ce qui lui posait problème. Parce qu’il avait bâti des modèles financiers pour d’autres marques de produits de beauté au Canada que nous connaissons toutes les deux. Mais je crois qu’à ces yeux, mon entreprise n’avait pas ce qu’il fallait. Il manquait un petit plus, selon lui, une touche exotique… Je n’étais pas une mannequin qui voulait créer une entreprise de produits pour la peau ou quelqu’un qui avait découvert un fruit rare aux vertus particulières. Ce qui est parfois le cas dans l’industrie des produits de beauté. Surtout à mes débuts, je me souviens d’avoir rencontré le représentant d’une marque et qu’il m’ait dit : « Je suis parti en vacances en Amazonie et j’ai découvert cette huile rare. » Beaucoup de gens créaient des produits après avoir fait des découvertes. Alors que mes produits étaient inspirés d’un héritage culturel, de la tradition qui rencontre la science.

Et cela pouvait créer de la confusion ou être perçu comme un défi par certaines personnes… Je crois que les gens qui travaillent dans le secteur des produits de beauté pouvaient comprendre mon idée, car ils sont toujours en quête de nouveauté. Par contre, les gens du domaine de la finance ou d’autres domaines pouvaient se demander : « Est-ce que les gens pourront s’identifier à ce concept? Je n’arrive pas à prononcer le mot Ayurveda. Est-ce que quelqu’un d’autre pourra le faire? » C’est ce qu’ils se disaient. Je crois que c’est ce qui suscitait de la confusion. Nous avons lancé la marque il y a plus de six ans. Ce n’est pas seulement grâce à nous, mais j’espère que nous avons eu un petit rôle à jouer. La notoriété de l’Ayurveda s’est accrue de façon exponentielle grâce à de nombreux facteurs. Notamment à cause de la nourriture, parce que les gens mangent d’une certaine façon, et à cause de la pandémie. Il y a un engouement marqué pour le curcuma.

Les gens en mettent dans leurs smoothies, ils le servent dans des boissons concentrées et l’utilisent dans beaucoup d’autres recettes. J’étais presque à l’avant-garde de cette tendance. D’une certaine façon, je considère cela comme une bénédiction et un cadeau, et au début, je me disais que je voyais très bien les gens consommer mes produits un jour.

Lisa Bragg :
Oui. Je sais exactement de quoi vous parlez, car il m’est arrivé la même chose avec mon contenu, c’est-à-dire les vidéos, l’animation et les balados, car j’ai commencé en 2007. Certaines personnes n’étaient pas encore rendues là. Elles me demandaient : « Que veux-tu dire par publier une vidéo en ligne? C’est quoi YouTube? » Il y a tellement de choses à apprendre aux gens à ce sujet. Vous finissez par devenir un ambassadeur, et cela implique de consacrer beaucoup d’énergie à éduquer les gens. Vous êtes passionnée, mais vous êtes tellement à l’avant-garde que vous devez gaspiller beaucoup d’énergie. Avez-vous ressenti la même chose?

Lisa Mattam :
Tout à fait. D’une certaine façon, c’était passionnant, parce que je partageais mes connaissances avec les gens sur un nouveau sujet. Parce que le yoga et l’Ayurveda sont deux disciplines parallèles. Les gens qui connaissaient bien le yoga en avaient déjà entendu parler. Certaines personnes pensaient que je leur parlais de yoga, donc j’ai dû expliquer beaucoup de choses au début. Je me suis même posé des questions. « Est-ce que j’utilise le mot Ayurveda ou est-ce que je les appelle simplement des produits de beauté indiens? Parce que si je les appelle comme ça, les gens sauront qu’ils sont originaires de l’Inde. » Ils comprendront de quoi il s’agit. Les produits viennent de l’Inde. Je n’ai pas besoin de poser d’autres questions pour comprendre de quoi il s’agit. Tandis que si je dis que ce sont des produits élaborés selon les principes de l’Ayurveda, ils vont me demander : « Qu’est-ce que l’Ayurveda? » Et même si je leur explique, il est possible qu’ils ne comprennent pas. Ce sont tous ces facteurs qui peuvent requérir de plus amples explications.

Mais je crois aussi que c’est ce qui est formidable, d’abord parce que ma mission me motivait beaucoup. Je veux offrir aux gens d’excellents produits pour la peau, mais je veux aussi les renseigner sur cette science ancestrale, parce que je crois sincèrement qu’elle améliorera leur santé. Je le crois sincèrement. En Inde, il y a un grand hôpital près d’où viennent mes parents dans lequel des médecins qui pratiquent l’Ayurveda et des médecins conventionnels travaillent ensemble, car c’est connu que ces deux sciences ne sont pas en opposition. Donc, je voulais faire connaître cette médecine. C’était à la fois emballant… et je crois que cela pourrait être plus décourageant… Parfois, je rencontrais des Asiatiques du Sud ou des gens du sous-continent indien qui me demandaient : « Pensez-vous vraiment que les gens qui ne viennent pas d’Asie du Sud auront de l’intérêt pour l’Ayurveda? » Et je leur répondais que oui. J’en étais certaine. Ils font du yoga et de la méditation. Ces deux disciplines relèvent de traditions semblables. Donc, oui ils s’y intéresseront.

Lisa Bragg :
Ils s’y intéressent. Ils s’y intéresseront.

Lisa Mattam :
Ils s’y intéressent.

Lisa Bragg :
Et ils s’y intéressent.

Lisa Mattam :
Ils s’y intéressent.

Lisa Bragg :
Parlez-nous de votre marque afin que nous puissions tous acheter vos produits sur votre beau site Web. J’adore l’approche que vous proposez en ligne. Ce n’est pas une solution, mais une façon de s’épanouir, un mode de vie et une source de force. Ces produits ont quelque chose en plus et semblent luxueux. Dites-nous à quoi nous pouvons nous attendre si nous testons un de vos produits.

Lisa Mattam :
J’aimerais que l’utilisation de mes produits devienne un rituel pour les gens. À la base, l’Ayurveda dit que vous allez bien lorsque vous vous maintenez en équilibre. C’est lorsque votre équilibre est perturbé que des symptômes commencent à se manifester. Il peut par exemple s’agir de problèmes gastriques, de rougeurs cutanées ou d’anxiété. Nous devons donc apprendre à maintenir notre équilibre. J’espère qu’à partir du moment où quelqu’un utilisera mes produits, il les intégrera à une routine de soins de l’âme. Nous parlons beaucoup de prendre soin de soi, mais pour moi, il s’agit de nourrir son âme. Il y a aussi un élément axé sur la performance. Notre huile corporelle rituelle est excellente. Elle hydrate la peau et sent merveilleusement bon.

C’est un produit rituel et j’encourage les gens à l’utiliser pour se masser et quand ils méditent. L’un des principes de l’Ayurveda dit qu’il n’y a pas de meilleur geste pour prendre soin de soi que de s’enduire d’huile de la tête aux pieds. C’est une expérience formidable. Mais si je vous présente nos meilleurs vendeurs, qui sont notre crème nourrissante et sérum éclat, ils sont éprouvés en clinique, élaborés à partir d’ingrédients ayurvédiques, conçus pour réduire au minimum l’apparence des ridules, et rendre la peau plus lumineuse et l’hydrater. Certains produits uniformisent aussi le teint. J’énumère les effets de différents produits. Vous pourrez vivre l’expérience de l’Ayurveda à son meilleur, qui combine une part de magie et une part de science dans une même bouteille.

Lisa Bragg :
Je peux voir Lisa à la caméra, car nous faisons un appel vidéo, et sa peau est radieuse. Je vous le dis, sa peau est resplendissante. C’est mon témoignage. Mais vous n’êtes pas arrivée là où vous en êtes et vous n’avez pas créé cette marque prestigieuse de soins pour la peau qui offre des résultats exceptionnels toute seule. Vous avez dû recevoir de l’aide. Vous avez dit que vous avez fait appel à un conseiller financier qui ne comprenait pas vraiment vos idées. Avez-vous démarré votre entreprise par vous-même?

Lisa Mattam :
J’ai utilisé mes propres ressources, mais j’ai aussi demandé des prêts. Nous avons recouru à des prêts au début, ce qui nous a vraiment aidés à accélérer notre croissance. J’ai fait partie du premier programme d’accélération de Sephora. Il s’agissait donc d’un programme d’incubation pour les entreprises en démarrage qui fabriquaient des produits de beauté, qui selon eux avaient « changé l’avenir du secteur des produits de beauté ». J’adore la façon dont ils l’ont formulé. Nous avons donc obtenu un prêt temporaire lorsque j’ai lancé un produit dans le cadre du programme. Nous avons certainement tiré parti d’une aide financière en cours de route, mais il est évident que j’étais responsable de rembourser le prêt que j’avais demandé. Puis, grâce à BMO, nous avons remporté une bourse pour la durabilité, qui nous a beaucoup aidés. Toutes ces aides ont été très utiles. Mais il est difficile de gérer les finances d’une entreprise. J’ai de l’expérience dans le domaine du marketing et des stratégies. Je n’ai aucune difficulté à m’asseoir et à travailler sur l’orientation stratégique de la marque, mais l’aspect financier ne vient pas naturellement.

Je dirais à tous ceux qui démarrent une entreprise que ce que j’ai appris et qui m’a le plus servi était d’embaucher un conseiller financier. Mais c’est aussi parce que je crois que j’aurais dû obtenir cette aide plus tôt, parce que j’ai recouru aux services de quelqu’un, par exemple, afin de bâtir le modèle pour le premier prêt. J’ai obtenu de l’aide pour ce projet, mais je n’ai pas continué à faire appel à lui par la suite. J’ajouterais qu’il faut vraiment savoir quelles sont vos lacunes, car en tant qu’entrepreneur, vous essayez de tout faire vous-même. Il y a un an encore, je répondais moi-même aux messages sur Instagram.

C’est très bien, car j’adore être proche des clients ou des gens qui démontrent de l’intérêt pour mes produits, mais ce n’est pas une pratique de travail viable. En ce qui concerne mes lacunes, je fais en sorte de les compenser, car je sais que c’est ce qu’il faut faire. Comme je suis une spécialiste du marketing, je pourrais facilement décider d’investir dans plusieurs projets et de modifier les emballages. Il faut donc trouver un équilibre entre les fonctions. C’est la raison pour laquelle les entreprises ont une équipe de direction, parce que chacun des membres a un rôle à jouer. Et c’est cette synergie qui fait croître l’entreprise.

Lisa Bragg :
Oui, car nous n’avons pas conscience de ce que nous ne savons pas. Vous vous lancez en affaires avec une passion, un but, une mission, mais vous ne connaissez pas tous les rouages financiers. Souvent, les entrepreneurs veulent simplement offrir un produit ou un service formidable au public et améliorer les choses. Mais nous ne comprenons pas vraiment tout ce que cela implique, car nous sommes aussi portés à retirer de l’argent de notre propre compte bancaire, et cela comporte des risques. Nous ne voulons pas nécessairement faire appel à nos amis et à notre famille. Nous utilisons nos propres ressources. Puis, nous nous disons que si nous voulons faire croître notre entreprise, nous devons regarder autour de nous pour voir comment les autres procèdent.

Lisa Mattam :
Exactement.

Lisa Bragg :
Vous avez contracté un prêt. Avez-vous eu peur de le faire? Comment cela s’est-il passé?

Lisa Mattam :
Je n’ai pas eu peur, car j’avais encore l’impression d’avoir le contrôle et de pouvoir l’obtenir facilement. Ce qui est plus stressant, selon moi, c’est de commencer à présenter les livres à d’autres personnes. Parce que, comme je l’ai dit, je suis spécialiste du marketing. Par exemple, depuis que j’ai lancé l’entreprise, j’ai toujours ajouté des cartes avec des mantras et un beau message aux commandes. Il peut s’agir d’un mantra à répéter au cours de la journée, d’une affirmation ou de quelque chose de ce genre. Le mari de l’une de mes meilleures amies m’aide maintenant à gérer les finances. Il m’a demandé : « Quel est le coût total d’un envoi? » Je lui ai répondu qu’il fallait compter le coût du produit.

Parce que je ne pense pas de cette façon, je me disais : « Il y a le coût du produit. Il m’a dit : « Il y a le coût de la boîte », et je lui ai répondu : « Oui, je suppose qu’il faut compter le coût de la boîte dans laquelle nous mettons le produit ». Et il m’a répondu que oui. Je lui ai dit : « Il y a aussi le coût de la carte », et il m’a demandé : « Combien coûte la carte? » Je lui ai répondu : « Je ne sais pas. Je les commande et c’est tout. Elles sont tellement belles. » Vous devez tenir compte de tout cela. C’est intéressant, car j’ai des amis du secteur des finances qui ont démarré des entreprises et qui ne s’y connaissent pas vraiment en marketing. Ils ont très peur de montrer à d’autres personnes comment ils gèrent leur contenu de marketing. La vulnérabilité fait partie intégrante du fait d’être propriétaire d’une entreprise. Donc, pour réussir et aller de l’avant, vous devez être prêt à vous asseoir à la table et à être vulnérable en tout temps. Et de toute évidence, à révéler votre vulnérabilité aux bonnes personnes.

Lisa Bragg :
Oui. Il faut certainement révéler sa vulnérabilité très souvent.

Lisa Mattam :
Oui.

Lisa Bragg :
Vous avez reçu de l’aide en cours de route. Pouvez-vous me parler de la bourse pour la durabilité que vous avez reçue?

Lisa Mattam :
Nous avons gagné la bourse pour la durabilité de BMO, qui signifiait pour moi plusieurs choses différentes, évidemment une reconnaissance des efforts que nous déployions en matière de durabilité et sur deux fronts. Et les critères de BMO étaient vraiment exceptionnels, parce que quand on pense à la durabilité, on pense tout de suite à l’emballage recyclable ou biodégradable, ou à l’utilisation minimale du plastique, ce que nous faisons déjà. Nous utilisons un minimum de plastique, car nos bouteilles sont en verre, mais il est impossible de fabriquer un compte-goutte sans plastique. Il est impossible de ne pas en utiliser pour fabriquer certaines choses. Nous utilisons maintenant de la résine postconsommation ou du plastique issu d’un recyclage valorisant. Cette bourse reconnaissait nos efforts dans ce sens. Ce qui était également intéressant, c’est que BMO s’est penché sur la définition de la durabilité, qui était aussi plus large sur le plan de la collectivité.

Par exemple, nous avons formé un partenariat avec Plan International Canada, et pour chaque produit Karma pour les lèvres que nous vendons, nous envoyons une fille dans un pays en développement à l’école pour une journée afin qu’elle puisse décider de son avenir. Si quelqu’un me demandait ce qui me passionne dans la vie, c’est vraiment de soutenir l’avancement des femmes et des filles. C’est ce que j’ai toujours voulu faire. Lorsque j’ai démarré cette entreprise, je savais déjà qu’elle contribuerait à cette cause. Je ne savais pas à quel titre. Je ne savais pas comment. Je ne savais pas sur quelle plateforme, mais j’ai toujours su qu’elle le ferait. C’était très important pour moi de le faire. Et beaucoup de gens nous ont dit : « Vous en êtes à un stade très précoce de la croissance de votre entreprise, pourquoi avoir un impact social maintenant? » Je leur répondais : « Comment pourrais-je ne pas avoir d’impact social maintenant? »

La bourse nous a été accordée en reconnaissance de ce que nous faisions. La bourse elle-même nous a aidés à nous inscrire à un programme appelé Packed, qui, en fait, prend… Imaginez que vous avez… Par exemple, vous pouvez facilement rincer la bouteille de notre Huile rituelle pour le corps et la recycler. Mais que faites-vous avec le bouchon? Vous le jetez à la poubelle. Le programme prend en charge tous les composants difficiles à gérer, et les soumet à un recyclage valorisant. Cette entreprise reprend les brosses à mascara. Et nous soutenons non seulement nos propres produits, mais aussi ceux d’autres entreprises. Dans une boîte, nous pouvons mettre la pompe de notre huile pour les cheveux, un compte-goutte de notre bouteille de sérum et la pompe de notre bouteille de shampoing, donc tous les composants difficiles à recycler.

Cette bourse nous a permis de nous inscrire à ce programme. En fait, elle a couvert notre adhésion à ce programme, ce qui a été significatif. Puis, il y avait un troisième élément, dont les gens ne parlent pas. Je vais en parler et vous pouvez être d’accord ou non. C’est une chose que j’ai apprise dans mon parcours d’entrepreneure et que je continue à me rappeler. Parfois, nous recevons des courriels d’amis qui disent : « Tu devrais soumettre ta candidature pour cette bourse » ou de quelqu’un qui dit : « Vous avez été mise en nomination pour tel prix ». Dans l’agitation d’une journée chargée, vous vous dites : « Je ne peux pas remplir cette mise en candidature ». Ce que je veux dire, c’est que la reconnaissance est importante pour la viabilité de votre marque, car elle accroît sa notoriété. Lorsque les gens font cela… BMO accroît la notoriété de notre entreprise, car il popularise notre nom. Il fait savoir au public qu’il a confiance en notre entreprise.

Il mentionne notre nom sur ses comptes de médias sociaux. C’est une autre occasion pour le public de nous connaître. Mais les gens veulent aussi savoir qu’ils sont… Je crois qu’avant, je me disais : « S’il vous plaît, achetez mes produits, j’ai des enfants à nourrir. » Mais la vérité, c’est que les gens veulent acheter des produits de marques en lesquelles ils croient, qu’ils peuvent soutenir, mais ils veulent aussi acheter auprès de marques qui ont du succès. Plusieurs personnes m’ont dit : « Félicitations pour cette bourse de BMO. » Et peut-être qu’ils ont oublié de mentionner le mot durabilité. Mais pour eux, cette validation de la part de BMO, cette marque de reconnaissance, est vraiment importante. Cela leur envoie le message que notre entreprise prend des initiatives intéressantes. Nous ne parlons pas des prix ou des bourses, mais pour un entrepreneur, cela contribue à faire en sorte que sa marque se distingue et c’est très important.

Lisa Bragg :
Je crois fermement que vous devez vous vanter et parler de vos réussites au monde. Puis, lorsque des organisations comme BMO disent que vous faites quelque chose de bien, cela amplifie de nouveau le mouvement et attire les bonnes personnes qui veulent acheter un produit de qualité, et reviennent vers vous encore et encore. Et je crois que vous soulevez un point intéressant, à savoir que nous sommes beaucoup plus nombreux à magasiner en fonction de nos valeurs. Il y a tellement de produits sur le marché et nous disons : « Je vais joindre le geste à la parole et veiller à acheter des produits vendus par une entreprise fondée par une femme, ou qui réussit, qui a à cœur la durabilité ou l’environnement, ou dont les valeurs concordent avec les miennes ». Croyez-vous que de plus en plus de gens joignent le geste à la parole?

Lisa Mattam :
Tout à fait. L’une des choses que j’ai apprises pendant la pandémie… Nous ne sommes pas seulement une entreprise canadienne, mais nos produits sont également fabriqués au Canada. Ils sont fabriqués juste au nord de Toronto et à côté de Montréal. Les Canadiens aiment certainement le fait que nos produits sont fabriqués au Canada. La pandémie a eu un effet critique sur toutes les économies, et nous voulions être en mesure de soutenir notre économie. Et je pense même aux Américains, parce qu’une bonne partie de nos clients vivent aux États-Unis. Ils savent qu’ils investissent dans l’économie locale, et il est très important pour eux de connaître tous les détails de notre chaîne de production et de savoir qu’il y a tout un groupe de personnes derrière mon entreprise et qu’ils ne voient pas, qui impriment les boîtes, remplissent les contenants et font tout ce qu’il y a à faire. Je crois que nous le constatons avec les produits faits au Canada et les efforts que nous déployons pour assurer la durabilité.

Nous le constatons parce que nous utilisons des ingrédients naturels. Nous le constatons parce que nous sommes transparents. Nous le constatons sur plusieurs fronts. Je le dis en tant que consommatrice. Je fais de gros efforts pendant les Fêtes. Par exemple, j’achète certains produits fabriqués par de grandes marques parce que je les veux ou parce que je veux les offrir en cadeau. Sinon, je m’efforce d’acheter auprès d’entrepreneurs ou de marques dont les valeurs éthiques correspondent aux miennes. Je suis convaincue que nous investissons avec notre argent et que nous votons avec notre argent. Nous disons : « Je vote pour cette marque. J’investis mon argent dans ses produits. » Et je crois que nous constatons ce phénomène partout et que nous continuerons à le faire. Les gens sont à la recherche d’occasions axées sur les valeurs. Ils veulent acheter des produits élaborés selon des valeurs auxquelles ils adhèrent.

Lisa Bragg :
Pour en revenir à l’un des points que vous avez soulevés plus tôt, nous voulons aussi vous encourager, car nous connaissons votre histoire et nous pouvons la voir sur les médias sociaux. Nous pouvons voir votre fille dans la vidéo à vos débuts. Nous sommes humains et nous aimons entendre l’histoire des gens et avoir de plus en plus de contacts humains. Je crois que le fait d’investir notre argent de façon intentionnelle est un élément de cohésion pour bon nombre d’entre nous. Avez-vous eu de la difficulté à percer dans ce secteur et à vous faire un nom?

Lisa Mattam :
Oui, cela a été très difficile. Et cela l’est toujours à cause des très grandes entreprises comme Estée Lauder et L’Oréal. Et ce n’est pas une critique, mais elles ont des capacités et des budgets de marketing beaucoup plus importants que les nôtres. J’ai longtemps travaillé seule avec un gestionnaire de bureau qui travaillait à temps partiel. Notre capacité était limitée simplement à cause de notre part de voix. Dans quelle mesure pouvons-nous croître avec cette voix limitée? C’était un des facteurs et ça fait partie de la vie. Et puis, il y a l’autre élément, qui est génial, c’est que les produits de beauté indépendants gagnent en popularité. Tout comme les marques qui n’utilisent pas d’ingrédients nocifs, celles fondées par les particuliers et moins connues, au lieu que ce soit les grands conglomérats qui lancent une nouvelle marque ou un nouveau produit Olay, ou quelque chose du genre. L’industrie des produits de beauté indépendants est en pleine effervescence, c’est vraiment formidable, et les obstacles à l’entrée sont plutôt faibles. Donc au cours des dernières années, il y a eu plus d’entrées que jamais dans l’industrie de la beauté. C’est un aspect intéressant de notre secteur. Puis, il y a aussi que je n’avais jamais travaillé dans le secteur des produits de beauté. Je ne comprenais pas les produits de consommation. Et je crois qu’un des défis auquel font face la plupart des entrepreneurs est la question de l’accès. Il faut aussi être en mesure d’être vu par les bonnes personnes et raconter son histoire. En ligne, vous avez cette incroyable capacité de raconter votre histoire sur les médias sociaux. Je n’étais pas une adepte des médias sociaux, mais je le suis devenue. Ce n’est pas là que j’ai commencé à me faire connaître. Il y a tellement de points d’accès à comprendre et à atteindre, et ce avec une capacité limitée, tout ça c’est très difficile.

Et la concurrence ne manque pas. Un jour, quelqu’un m’a dit… Nous faisions affaire avec un détaillant appelé Detox Market. Et je l’adore. Il a des magasins à Los Angeles, à New York et à Toronto, et il a une présence très élargie. Il s’agit de l’un des premiers acteurs de l’industrie des produits de beauté exempts d’ingrédients nocifs. C’est un grand leader éclairé. Et on m’a dit que chaque année, 700 marques demandent à ce que leurs produits soient vendus par ce détaillant. Je ne savais même pas qu’il existait 700 marques indépendantes. Je l’ignorais tout à fait. Vous pouvez trouver ce chiffre en ligne. Peut-être que la moitié d’entre elles ne sont pas commercialisables ou viables, ou que quelqu’un a simplement rempli une demande ou a fait du savon dans sa cuisine un matin ou quelque chose de ce genre, peut-être qu’il n’était pas encore prêt à vendre.

La moitié de ce chiffre correspond tout de même à 350 marques. La concurrence ne manque pas. Le défi est donc de trouver des moyens de réussir et de faire face à la concurrence. Vous devez trouver des façons de vous distinguer et d’accroître votre valeur, et l’accès y est pour beaucoup. Comment parviendrez-vous à faciliter l’accès à vos produits? Vous devez arriver à mettre votre marque en valeur dans un environnement dans lequel vous pourriez vous absenter une journée ou une semaine, et quelqu’un d’autre prendrait vos parts de marché.

Lisa Bragg :
Vous avez constaté que vos produits étaient uniques et d’une grande valeur; les gens qui les découvraient auraient pu les copier. Nous avons toujours peur que quelqu’un copie nos idées, mais à quoi servent-elles si nous ne les présentons pas au monde et les gardons cachées? Y a-t-il de la concurrence entre les anciens et les nouveaux dans le segment que vous avez choisi?

Lisa Mattam :
Oh mon dieu! Oui. Si je pense à l’Ayurveda en particulier, il y a quelques mois, j’ai participé à un événement à New York et j’ai été très flattée que quelqu’un me présente comme l’initiatrice du mouvement lié aux produits de beauté ayurvédiques. Je trouvais que c’était une très belle façon de me présenter. Mais je me suis également rendu compte que… J’étais assise avec des panélistes qui possédaient tous une marque de produits de beauté ayurvédiques pour les cheveux ou la peau. Et ce qui est incroyable, c’est qu’une fois que vous avez créé un segment de produits, une fois que vous avez des concurrents, certains dans le même segment, d’autres offrant de produits de luxe ou de masse… Nous avons créé un segment de marché et à mes yeux, cela signifie que notre contribution est validée. C’est effrayant, parce que l’on se demande ce qui se produira si tout le monde connait le même succès que nous. On a l’impression que nos produits se confondent dans la masse et semblent moins uniques.

Mais je crois que lorsque l’on crée quelque chose de nouveau, on est content que notre contribution soit validée, d’avoir de la concurrence et qu’il y ait plusieurs acteurs sur le marché. Cela indique aux consommateurs et aux détaillants que ce segment de marché est digne d’intérêt. Si tant de gens passent du temps à en parler et que nous avons tous des clients qui achètent nos produits, ils ne sont pas si exotiques que ça, c’est le mot que j’ai utilisé plus tôt, et ils n’appartiennent pas à un créneau très spécialisé qui ferait en sorte que les produits ne puissent pas être vendus sur le marché de détail. En fait, un segment est en train d’être créé.

Lisa Bragg :
Quel effet cela vous fait-il d’avoir été nommée initiatrice d’un segment de marché? C’est assez exceptionnel de nos jours de créer un segment de marché, surtout pour les produits emballés. Comment vous êtes-vous sentie lorsque l’on vous a appelée comme cela?

Lisa Mattam :
Soyons totalement transparentes. Avons-nous vraiment créé un segment? Je ne veux pas non plus exagérer. C’est bien que quelqu’un ait dit cela. Mais je crois que lorsque j’ai commencé, il y avait assurément une autre marque au Canada, et une autre marque importante aux États-Unis. Il y a toujours eu d’autres marques, mais elles n’avaient pas les mêmes objectifs que la mienne en matière d’expansion. Leurs produits étaient, par exemple, utilisés dans un beau spa ou fabriqués de façon artisanale. Je veux m’assurer d’honorer toutes ces choses et j’apprends à me vanter. Même en tant que marque, participer à la création d’un segment de marché… Je vous ai entendu le dire…

C’est vrai que c’est fou. C’est incroyable de penser que l’on fait partie de ce mouvement. Il y a quelques années, un investisseur est entré en contact avec moi, mais je n’étais pas prête à faire affaire avec lui. Ce n’était pas le bon moment pour moi, mais je me souviens de lui avoir demandé pourquoi il m’avait appelée. Et il m’a dit : « Nous croyons que vous définissez votre segment. » Et je me suis dit : « Wow ». Je me souviens de l’avoir écrit sur une petite feuille et de l’avoir collée sur le mur simplement pour avoir le plaisir de la lire. Mais je me disais que c’était quand même très étonnant, et venant de quelqu’un qui n’était pas dans le milieu. Des petites idées ou des petits moments peuvent naître de grandes choses.

Lisa Bragg :
Vous êtes aussi très généreuse envers le monde, dites-nous comment vous faites votre part pour la collectivité.

Lisa Mattam :
Cela a toujours été ma passion de faire ma part pour les femmes et les filles. J’ai toujours su que c’est une cause en faveur de laquelle je m’engagerais toute ma vie. À l’université, j’étais présidente du comité d’équité entre les sexes. C’est une passion innée. Nous avons formé un partenariat avec Plan International Canada et pour chaque produit Karma pour les lèvres vendu, nous envoyons une fille dans un pays en développement à l’école pour une journée afin qu’elle puisse décider de son avenir. Ce programme permet aux filles de s’émanciper, de soutenir leur collectivité et de grandir en devenant indépendantes. L’autre chose que nous avons faite cette année, et qui me rend très enthousiaste, a été de créer un programme d’accélération pour les femmes entrepreneures. Il s’appelle AccelerateHER. Il concerne uniquement le Canada, car j’ai constaté que nous en avions besoin. Il pourrait en avoir d’autres. Il existe déjà des programmes exceptionnels pour les femmes entrepreneures, mais il pourrait certainement y en avoir d’autres. Nous avons créé un programme d’accélération. Nous venons de lancer notre première cohorte. Elle compte huit participantes membres de la cohorte, dont les entreprises génèrent entre 50 000 $ et 500 000 $ de ventes. Le programme comporte deux volets. Premièrement, les participantes sont jumelées à une mentore, une autre femme entrepreneure dont l’entreprise a enregistré une croissance tout au long de cette période financière, qui a surmonté d’autres obstacles et qui génère des recettes à sept chiffres. Deuxièmement, nous offrons des programmes d’apprentissage. Donc, une ou deux fois par mois, cela varie selon le mois, nous organisons des séances qui peuvent porter sur les finances, le marketing, la collaboration avec les influenceurs, les présentations aux rédacteurs ou le bien-être.

Il y a donc un certain nombre de personnes qui ont accepté… Toutes ces personnes sont bénévoles, ce qui est formidable. Toutes les femmes sont canadiennes, ce qui est incroyable, et nous travaillons au Canada. Je crois que cela témoigne du soutien de la communauté offert aux femmes entrepreneures, mais aussi des besoins. Nous avons reçu plus de 150 demandes. Mon objectif est donc de pouvoir déployer ce programme au cours des cinq prochaines années pour vraiment aider et changer l’avenir de l’entrepreneuriat et des femmes entrepreneures au Canada. C’est un projet que j’avais en tête depuis longtemps. En discutant avec l’une de mes collègues, elle m’a dit : « Pourquoi ne le fais-tu pas maintenant? » Ma première réponse a été : « Nous ne sommes pas assez gros. » Je crois que je voulais que mon entreprise ait la taille d’une société comme Estée Lauder. Je voulais qu’elle soit différente avant de lancer ce projet. Et ce que j’ai appris et ce qu’elle m’a répondu était : « Sais-tu combien de personnes n’ont pas été en mesure d’obtenir… » Les entreprises font face à des obstacles. Il faut d’abord générer des ventes. Et générer des ventes de 100 000 $, puis de 500 000 $ et de 1 000 000 $. Elle m’a dit : « Sais-tu combien de personnes peinent à surmonter ces différents obstacles? Elles ont besoin de soutien pour arriver au prochain obstacle. Tu n’as pas besoin de générer des milliards de dollars pour lancer un programme comme celui-là. Avec les ressources dont tu disposes actuellement, tu peux faire ta part pour la collectivité d’une façon formidable et créer cette communauté. » Et dans ce contexte de l’après-pandémie, où toutes nos rencontres se font sur Zoom, nous ne nous regroupons pas en communauté.

Ce programme permet de créer des communautés et vise à inspirer les femmes. Nous allons faire remplir un sondage à ces femmes à la fin de leur période de six mois avec nous. Mon objectif est qu’elles me disent : « Mon entreprise réussit mieux depuis que j’ai suivi ce programme. » Et si c’est le cas, nous aurons réussi.

(Musique)

Lisa Bragg :
À Bold(h)er, nous posons toujours les trois mêmes questions. Racontez-nous une occasion où vous avez fait preuve d’audace.

Lisa Mattam :
Je voulais vraiment collaborer avec un détaillant. Nous avions échangé de nombreux messages. Les commentaires sur les produits étaient excellents. Par exemple, « c’est le meilleur sérum que j’ai essayé » et « le démaquillant à l’huile est exceptionnel ». Je ne donnerai pas de noms ici. Je me demandais comment conclure cette affaire. J’avais vraiment de la difficulté et je me demandais ce que je devais faire et comment je pouvais obtenir une réponse positive. Donc, j’ai envoyé un courriel à cette entreprise, qui n’était pas située à Toronto, et j’ai dit à la dame : « Je serai dans votre ville à ces dates. N’hésitez pas à communiquer avec moi si vous êtes libre pour que nous nous rencontrions ». Elle m’a répondu : « Oui, pas de problème. Je suis libre. Je serais ravie de vous rencontrer en personne. »

Je n’avais pas planifié de voyage là-bas. Je n’avais pas réservé de billet. Je n’avais rien. Je n’avais pas prévu de voyage. C’était un voyage improvisé. Et ce qui est drôle, c’est que j’y suis allée. Je me disais : « C’est parfait ». J’ai réservé un billet. Je suis montée à bord de l’avion. Je suis arrivée là-bas la veille de la rencontre. Je me promenais dans la ville. Et j’ai reçu un courriel qui disait : « Je suis vraiment désolée. Je dois reporter la rencontre. » C’est la partie drôle de l’histoire, parce que je me suis presque mise à pleurer au milieu du magasin dans lequel j’étais entrée pour essayer de trouver une nouvelle blouse à porter pour la rencontre. Ce qui a été audacieux de ma part, c’était d’aller jusqu’au bout et de demander à la rencontrer. J’ai répondu à son message en disant : « Je suis en ville. Que puis-je faire? Puis-je vous rencontrer pour déjeuner? Puis-je vous rencontrer pour dîner? Puis-je vous rencontrer pour prendre un verre à minuit? Que puis-je faire? »

Malheureusement, nous n’avons pas pu nous rencontrer. J’ai fait autre chose de mon temps, mais même si elle a annulé, cela a instauré un sentiment de familiarité et elle m’a dit : « Je sais que nous devons nous rencontrer en personne. Nous pourrons discuter dans deux jours ». Nous n’utilisions pas Zoom à l’époque. J’ai oublié par quel moyen nous nous sommes parlé. Cela m’a aidé à renforcer cette occasion auprès de ce détaillant. Et je me suis demandé pourquoi j’avais mis autant de temps à lui dire « Je vais être dans votre ville. Pouvons-nous nous rencontrer? » Parce que je fais souvent le contraire, c’est-à-dire que si je sais que je vais voyager, j’écris : « Bonjour, je serai à Montréal la semaine prochaine. Êtes-vous libre? » Parfois, je crois simplement que nous devons faire preuve d’audace et donner des raisons aux gens de nous rencontrer. En fin de compte, je dois me rappeler que je suis une vendeuse. C’est mon travail. Mon rôle principal est de vendre. Je dois donc faire preuve d’ingéniosité et d’audace pour y arriver.

Lisa Bragg :
À quel moment auriez-vous aimé être plus audacieuse?

Lisa Mattam :
Je crois que j’aimerais toujours être plus audacieuse. Je crois aussi que je suis une personne audacieuse, mais je me rends compte que parfois j’ai tendance à me sous-estimer ou à sous-estimer mon entreprise, parce que c’est presque comme si je gérais les attentes. Je plaisante, j’ai un ami qui dirige une entreprise et il me disait toujours à quel point le rendement de son entreprise était exceptionnel. Il avait réussi ceci et il avait accompli cela. Il se vantait très souvent. Puis, un jour, il n’a pas donné de chiffre exact, mais il a laissé entendre combien d’argent l’entreprise générait chaque mois. J’ai failli tomber de ma chaise, parce que je me disais : « Vraiment? » Non pas parce que ce n’était pas bon, mais parce que je pensais qu’il faisait beaucoup plus. Je crois que j’utilise constamment des mots comme « petite » et qui, parfois sans le savoir, minent mes capacités. Par exemple, au début du balado, j’ai dit : « Nous avons travaillé avec une petite agence. » Je n’ai pas besoin d’ajouter de qualificatif. J’ai travaillé avec une agence. J’utilise parfois, sans m’en rendre compte, des termes qui minimisent l’importance des choses et je ne le fais pas intentionnellement. Je crois que je le fais parfois parce que j’ai l’impression que je dois gérer les attentes des autres, car je crains que quelqu’un me dise : « Ton entreprise est seulement de cette taille et tu n’es que… » Et tout cela est construit dans ma tête. C’est dans ma tête. Donc, j’aimerais être plus audacieuse chaque jour, car c’est grâce à cette audace que j’aurai plus de succès.

Lisa Bragg :
Que diriez-vous à la fille de 20 ans que vous étiez?

Lisa Mattam :
Je lui dirais de dormir beaucoup, car elle manquera de sommeil plus tard dans sa vie. À 20 ans, je n’avais aucune idée que je serais entrepreneure un jour. Je n’en avais aucune idée à 25 ans non plus. Je n’en avais aucune idée lorsque je travaillais dans le secteur pharmaceutique. Je ne m’étais jamais imaginé que je deviendrais entrepreneure. Je n’avais jamais pensé à ça. Même lorsque j’ai rencontré mon mari. Je l’ai rencontré au travail. Il s’était joint à l’entreprise alors que j’y travaillais déjà, et je me suis dit : « Ils n’accepteront pas que nous soyons ensemble », parce que c’était une grande entreprise, mais pas une banque. Je me suis dit : « Ils n’accepteront pas que nous soyons ensemble. Donc effectivement, je vais devoir démissionner. » Je n’aurais jamais cru que tout cela serait possible, mais je crois que ce que je dirais à la fille de 20 ans que j’étais, c’est qu’il n’est pas nécessaire de se concentrer sur la destination, car elle changera beaucoup. Je ne le savais pas à l’époque.

(Musique)

Lisa Bragg :
Merci d’avoir été avec nous, Lisa Mattam. Je m’appelle Lisa Bragg et vous écoutiez Bold(h)er, un balado relatant des histoires de femmes qui se distinguent, destiné à leurs semblables, et qui vous est présenté par BMO pour Elles. Si l’émission vous a plu, je vous invite à la partager avec d’autres femmes qui se démarquent, tout comme vous. À bientôt!

 

À propos du balado :
Offerte par BMO pour les femmes et animée par Lisa Bragg, journaliste et entrepreneure primée, Bold(h)er propose des conversations qui suscitent la réflexion et inspirent les auditeurs à faire preuve d’audace en affaires et dans la vie. Les déclarations et les opinions exprimées par les invités et les personnes interviewées n’engagent qu’eux et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de la Banque de Montréal ou de ses sociétés affiliées.

Audio en anglais seulement.