Nom: Cheryl Sutherland
Entreprise: PleaseNotes Goods
Secteur: Croissance personnelle et commerce de détail
Tanya : Pour commencer, pourriez-vous m’expliquer votre parcours vers l’entrepreneuriat?
Cheryl : Mon parcours vers l’entrepreneuriat a commencé lorsque je suis déménagée en Californie pour réaliser un rêve. Là-bas, j’ai eu l’occasion de travailler pour deux femmes entrepreneures. J’ai remarqué les différences dans leur comportement et l’incidence que cela pouvait avoir sur les clients qu’elles attiraient.
Lorsque j’ai décidé de quitter mon dernier emploi, je me suis demandé ce qui avait le plus contribué à changer ma vie et de quelle façon je voulais soutenir les gens. Je voulais démarrer mon entreprise pour faire les choses à ma façon et transmettre quelque chose qui me tient vraiment à cœur.
Mon emploi précédent était vraiment épuisant sur le plan émotionnel et j’avais oublié qui j’étais. Je ne me rappelais plus à quel point j’étais incroyable, compétente et intelligente. Je me suis donc dit un jour que j’aimerais être entourée d’affirmations. Mon premier produit s’est donc imposé à moi : des papillons adhésifs portant différentes affirmations. C’était comme si une ampoule venait de s’allumer.
Tanya : J’adore votre réponse. En termes de délai, combien de temps s’est écoulé entre le moment où vous avez eu l’idée de vous lancer en affaires, puis l’éclair de génie et la commercialisation du premier produit?
Cheryl : Moins de six mois.
Tanya : Impressionnant, compte tenu du grand nombre de produits physiques que vous avez. Quelle a été votre décision la plus audacieuse jusqu’à présent?
Cheryl : Ma décision d’affaires la plus audacieuse? Je pense que je demande beaucoup de choses. En mai dernier, lorsque les entreprises appartenant à des Noirs ont été mises en vedette, j’ai partagé une bibliothèque de ressources sur la lutte contre le racisme et le désapprentissage, que d’autres personnes extraordinaires et moi avons créée. J’ai regardé le compte Instagram d’une des personnes qui l’a partagé – une auteure qui publie chez Hay House et est aussi multimillionnaire. Je lui ai écrit : « Pourrions-nous discuter? J’aimerais beaucoup en apprendre davantage sur vous, puisque vous partagez ce sur quoi je travaille. » Elle a acquiescé.
Nous avons eu un excellent entretien. Elle m’a donné la chance d’animer un atelier, puis de présenter un cours de sept semaines que je venais tout juste de commencer à élaborer et à préparer. Cela a vraiment porté ses fruits puisque j’ai pu mieux comprendre que je peux faire les choses que je veux vraiment lorsque je prends la peine de demander et laisser les choses être naturelles. C’est en acceptant des choses que la magie peut se produire.
Tanya : J’appuie ce genre de démonstration! Ma prochaine question recoupe peut-être la précédente – quel a été le plus grand tournant financier pour votre entreprise, le moment où vous vous êtes rendu compte que vous aviez réussi? Est-ce lorsque vous avez communiqué avec la femme dont vous parliez, ou en avez-vous un autre?
Cheryl : C’est drôle, car je ne crois pas avoir eu un tel moment, probablement parce que je ne suis pas douée pour reconnaître mes réussites. Si je devais penser à tout ce qui s’est passé, je dirais que le plus important tournant financier a été le succès de la campagne de financement participatif pour la première édition des journaux.
À ce moment-là, je n’avais pas les fonds nécessaires pour payer des conseillers. Mon objectif était d’amasser 10 000 $ et j’ai fini par atteindre 15 000 $ US. J’ai ensuite expédié plus de 250 commandes partout dans le monde. Selon les statistiques de Kickstarter à cette époque, moins de 20 % des campagnes étaient couronnées de succès. Les marges de réussite étaient de plus en plus faibles selon la taille de la campagne, et le fait d’être une femme noire y était pour quelque chose.
Tanya : Je suis heureuse de vous avoir forcée à répondre à cette question, il est très difficile pour nous, les femmes, de reconnaître nos réussites. Quel a été l’obstacle le plus important de votre entreprise jusqu’à présent?
Cheryl : Je crois que c’est moi – à cause de mes croyances limitatives. Avant, j’avais vraiment l’impression que je devais tout faire par moi-même, que personne ne pouvait vendre mon entreprise, travailler pour elle ou y contribuer de la même façon que moi. Je croyais qu’externaliser certaines choses prendrait beaucoup trop de temps. Il m’a fallu apprendre à être ouverte et authentique et à me dire : « Ce n’est pas là où je veux être. Quelle est la prochaine étape? Qui dois-je embaucher? » Puis, il faut lâcher prise.
C’est comme le premier jour où vous envoyez votre enfant à la garderie ou à l’école et que vous culpabilisez de faire ça à votre enfant. Je dois laisser les gens faire ce qu’ils font dans les domaines où ils excellent et me permettre de faire de même.
Tanya : Oui, oui, oui, Voilà qui mérite des applaudissements. En fait, je vais le mettre dans la publication.
Quelle a été l’incidence de la pandémie mondiale et de la crise raciale sur vos activités? Vous pouvez répondre du point de vue de la pandémie, de la crise raciale ou des deux, bien sûr, puisque vous êtes une femme noire et vivez les deux.
Cheryl : Je trouve que la pandémie est probablement la meilleure chose qui soit jamais arrivée parce que bon nombre des habitudes et des distractions que les gens avaient sont disparues. Ils sont maintenant confrontés à eux-mêmes. Souvent, lorsqu’on ralentit, on se rend compte qu’on faisait beaucoup de choses par habitudes et pas parce qu’on le voulait vraiment. Ça nous force à nous demander qui l’on est. « Qu’est-ce que je veux? Qu’est-ce qui me procure de la joie? Ai-je envie de changer de carrière? Est-ce que je veux démarrer une nouvelle entreprise? Qu’est-ce qui me retient? » Ça a été vraiment formidable de pouvoir donner aux gens l’occasion de trouver ces réponses en eux-mêmes.
En ce qui concerne la crise raciale, j’ai atteint l’an dernier 14 000 abonnés sur Instagram, ce dont je suis vraiment très reconnaissante. Mais avant la fin du mois de mai 2020, je n’en avais que 8 000. En une semaine environ, mon auditoire avait presque doublé. Je me suis vraiment posé beaucoup de questions. Est-ce que ces gens m’apprécient vraiment? Est-ce qu’ils aiment mon contenu? Est-ce quelque chose que les gens font par pitié? Ou le font-ils parce qu’ils croient qu’ils doivent le faire?
Il y a aussi la question des personnes qui travaillent dans le même secteur et qui ne sont pas noires; on se demande si leur succès est lié aux privilèges dont elles jouissent. Si j’avais démarré cette entreprise et que j’avais mis de l’avant une figure de proue à la peau blanche, ou si j’étais moi-même blanche, à quoi ressemblerait ma réussite? La disparité est énorme au sein du secteur du bien-être. Quand je participe à des sommets sur le développement personnel, il n’y a que des femmes blanches. Depuis que l’auditoire a commencé à poser les questions difficiles, sans que ce soit seulement aux femmes noires de le faire, le niveau de responsabilité est beaucoup mieux réparti.
Tanya : Et cela se produit finalement dans tous les secteurs. Que voudriez-vous que les gens sachent sur le fait d’être Noir et entrepreneur?
Cheryl : J’aimerais que les gens sachent qu’il y a beaucoup de différences; certaines sont subtiles et d’autres beaucoup plus violentes. J’ai déjà été invitée à un événement privé lié au capital de risque sur un yacht. J’étais l’une des deux seules personnes noires. Plus tard, lors de leur assemblée annuelle, ils ont demandé : « Où sont toutes les personnes de couleur? Pourquoi ne les attirons-nous pas? Pourquoi ne nous connaissent-ils pas? »
Les réponses sont pourtant simples : Allez-vous dans ces collectivités? Allez-vous rencontrer ces personnes? Vous ouvrez-vous à elles? Organisez-vous ces entretiens? Créez-vous ces relations? Souvent, les personnes de couleur ne se trouvent pas dans les mêmes salles en raison d’un manque d’accès. Elles n’ont pas de garant ou de lien avec une personne fortunée ou influente. Modifiez l’accès à ces salles et cela changera tout.
Tanya : Dernière question : Comment parvenez-vous à trouver un équilibre entre votre vie personnelle et professionnelle?
Cheryl : Eh bien… (rires)
Tanya : J’aime que tout le monde se moque de cette question. C’est hilarant.
Cheryl : J’essaie de faire mieux, parce qu’en ce moment, un côté de la pièce où je me trouve est ma chambre, et l’autre, mon bureau. Quand puis-je m’évader? Même si mon entreprise me passionne, car c’est le cas, c’est aussi du travail. Tout ce que je peux dire à ce sujet, c’est que je dois me permettre d’externaliser certaines choses et d’établir des limites à respecter à tout prix. Cela inclut de ne pas travailler les fins de semaine. Dans les périodes très occupées, je travaillais sept jours sur sept. Maintenant, je choisis de ne pas travailler les fins de semaine, sauf parfois pour répondre à un courriel, organiser une conférence ponctuelle ou quelque chose du genre.
Heureusement, la dernière année a été incroyable, extrêmement occupée. J’ai vécu beaucoup de stress et il m’a vraiment fallu du temps pour m’en remettre. Je ne veux pas me remettre dans une telle situation.
Tanya : Très important. Notre corps nous dit : « Oui. C’est bien beau tout ça, mais si tu ne me donnes pas ce dont j’ai besoin, je vais tout simplement le prendre. »
Cheryl : Oh, une question vient de me venir en tête : « Quelle stratégie avez-vous choisi de mettre en œuvre en 2021 parce qu’elle sera saine, à la fois pour vous et votre entreprise? » En 2021, je me consacre aux collaborations : cours en ligne (je donne quelques cours pour différentes personnes – ce qui m’emballe vraiment) ou interventions comme invitée, nouvelles options de vêtements – je vais travailler avec quelqu’un pour créer des foulards de tête et autres produits avec des affirmations – ce que j’adore vraiment. Je me demande de combien de façons je peux collaborer avec les gens au lieu d’avoir à tout faire par moi-même, encore et encore? Voilà où j’en suis.
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Noire et déterminée est une série d’entrevues mensuelles menées par Tanya Hayles, entrepreneure, nommée au palmarès des 25 femmes les plus influentes au Canada et lauréate de BMO rend hommage aux femmes. Tanya est la fondatrice de Black Moms Connection, un village en ligne mondial de près de 20 000 personnes, qui est aussi un organisme sans but lucratif qui fournit des programmes et des outils financiers au moyen de subventions généreusement financés par BMO.