Nom : Leigh Butler
Entreprise : Akina Technologies
Industrie : Technologie / Communauté

 

Tanya : Ma première question est simple. Comment êtes-vous devenue entrepreneure?

Leigh : Vous pensez que c’est une question facile?

Tanya : C’est une question simple, mais peut-être pas une question facile!

Leigh : Mes deux parents étaient des entrepreneurs. Ma mère est avocate, et elle a ouvert son propre cabinet. Mon père était médecin. Son père, son oncle et lui ont ouvert une clinique ensemble il y a très longtemps. J’ai grandi en regardant mes parents gérer leur propre entreprise, en plus d’exercer leur profession de médecin et d’avocate. J’imagine qu’à un moment donné, je savais que j’allais emprunter cette voie.

J’ai aussi épousé un entrepreneur. Mon mari est entrepreneur en série. Je savais que j’allais devenir entrepreneure moi-même un jour, il me restait simplement à déterminer quand et dans quel secteur. Quand l’idée de créer Meet Akina m’est venue, je savais que c’était la bonne. C’était la voie à suivre. C’était le moment idéal pour me lancer.

Tanya : De toute évidence, l’univers a tout fait pour que vous deveniez entrepreneure un jour. Il vous a entouré d’entrepreneurs, donc, c’était votre destin. C’est fantastique.

Quel est, selon vous, le geste le plus audacieux que vous ayez posé à ce jour en affaires?

Leigh : Honnêtement, toute cette aventure a été ma décision d’affaires la plus audacieuse. C’est assez audacieux en tant que femme noire de faire quelque chose pour les femmes noires dans le monde d’aujourd’hui et de créer intentionnellement cet espace pour les femmes de ma communauté.

Tanya : Génial. Quel a été le tournant financier le plus important pour votre entreprise, le moment où vous vous êtes dit : « J’ai réussi »?

Leigh : Le moment le plus décisif sur le plan financier a été lorsque nous avons trouvé notre premier investisseur. Il ne s’agissait pas d’amis ni de membres de la famille, mais d’une personne à qui nous avons présenté notre idée. Et elle a décidé d’investir. De plus, mon mari et moi avons réalisé un investissement considérable dans mon entreprise. Nous avons finalement été en mesure d’apporter une contribution importante à la société. Nous avons beaucoup investi. En fait, j’ai investi tout ce que je possédais.

Tanya : À un moment donné, cela vous a-t-il fait peur? Ou pensez-vous que cela va de pair avec le fait d’être une entrepreneure?

Leigh : Pour répondre à votre première question, je suis toujours terrifiée. C’est effrayant de prendre des risques, de bâtir son bébé et d’espérer que tout le monde l’aime. Mais oui, je crois que c’est la même chose pour l’entrepreneuriat. Comme je l’ai dit à mon mari : « Si c’était facile, tout le monde le ferait, n’est-ce pas? »

Des défis viennent avec ce titre. Vous pariez sur vous-même. Aussi simple que cela puisse paraître, c’est terrifiant de se fier uniquement à soi-même pour comprendre tout ce qu’il y a à comprendre et de se fier à d’autres personnes pour s’orienter. C’est terrifiant, mais c’est aussi très gratifiant quand on réussit.

Tanya : Vous travaillez dans le secteur des technologies avec Meet Akina. Avez-vous l’impression que le fait d’apporter le point de vue des femmes ou d’être une femme fondatrice dans le secteur des technologies a aidé votre entreprise?

Leigh : Pour être honnête, je ne sais pas si ça m’a aidée. Tout le monde dit qu’il y a beaucoup d’occasions d’affaires pour les femmes dans le secteur des technologies, surtout pour les femmes noires. Mais est-ce que je les vois? Pas nécessairement. Je ne crois pas qu’il soit facile pour les femmes d’accéder au financement, aux occasions et aux programmes d’accélérateurs dans ce secteur. Je crois que les gens font beaucoup de promesses en l’air. C’est vraiment très difficile d’avoir accès aux mêmes possibilités que les hommes du secteur. Voilà la vérité.

Tanya : Absolument. Comment la pandémie qui touche la planète et la crise raciale que nous traversons ont-elles affecté vos activités? Vous pouvez répondre à l’une ou l’autre des questions, ou aux deux, si vous le souhaitez.

Leigh : C’est au milieu de la pandémie et des tensions raciales que j’ai pris la décision de passer à l’action. Il a été très difficile de regarder ce qui est arrivé à George Floyd à la télévision en tant que mère noire, en particulier, en tant que mère noire de trois garçons noirs. J’ai encore la gorge serrée quand je repense à lui qui criait en appelant sa mère. Mais c’est à ce moment-là que j’ai réalisé que nous avions une excellente idée et qu’il était temps de commencer à dresser un plan. Nous sommes au beau milieu d’une pandémie, tout le monde est coincé à la maison, donc c’est le moment d’entamer de vraies discussions. Commençons à mettre les idées dont nous discutons sur papier et à établir un plan.

Tanya : Quelles femmes vous ont aidée à lancer votre application et à devenir entrepreneure?

Leigh : Je dirais que la première personne a été ma mère.

Tanya : Ah, maman.

Leigh : Ensuite, il y a certainement eu ma sœur, Cody. L’une de mes très bonnes copines, Stephanie Roberts, vient de devenir cofondatrice. Nous en parlons depuis maintenant trois ans et je l’ai toujours consulté pour avoir son avis. C’était tout simplement logique qu’elle se joigne à l’équipe.

Certains influenceurs auraient pu mépriser mon projet très rapidement, mais ils y ont cru dès le départ. Il y a eu Meagan Henderson, de Black Supermamas, Lydia Harris, de Labor with Love, Dr. Mel… tellement de gens m’ont aidée, je pourrais prendre la journée pour les nommer.

Tanya : C’est magnifique. La dernière question est la suivante : comment trouvez-vous, ou parvenez-vous à trouver, un équilibre entre votre vie personnelle et professionnelle?

Leigh : On entend beaucoup parler d’équilibre. Je ne crois pas qu’on puisse parvenir à un équilibre. Je crois que personne ne poserait cette question à un homme. Personne ne s’attend à ce qu’un homme trouve un équilibre entre sa vie personnelle et professionnelle, mais on s’attend à ce que les femmes le fassent. On s’attend à ce que nous trouvions un équilibre, car nous sommes aussi des mères et des épouses. Je ne cherche pas l’équilibre. Je vais être très franche. Je porte mon attention aux priorités du moment. Mon mari m’aide beaucoup. Surtout depuis que nous avons entrepris ce parcours entrepreneurial et que je suis à la tête de mon entreprise.

Tanya : Je suis tout à fait d’accord avec votre réponse, l’équilibre n’existe pas. Il faut accorder son attention aux priorités du moment. Je pose encore la question, parce que de plus en plus de gens me répondent qu’il est impossible de trouver un équilibre ou qu’ils ne cherchent pas à en atteindre un. Je crois que c’est formidable.

Leigh : Si vous me le permettez, j’aimerais dire quelque chose pour terminer. En tant que femme noire, blanche, verte ou violette, soyez indulgente envers vous-même. Donnez-vous la possibilité de vous développer. Pardonnez-vous vos erreurs, passées ou présentes. Faites preuve de douceur envers vous-même.

Je crois que nous oublions souvent ces principes. C’est particulièrement important pour moi, qui travaille dans un secteur dominé par les hommes. Il y a des jours où j’en ai assez. Je suis fatiguée et je ne veux plus continuer, mais je dois me rappeler que ce n’est pas grave, et que demain est un nouveau jour.

Je ne considère plus les difficultés comme des échecs maintenant, mais comme des leçons. Donc nous n’échouons jamais, mais nous apprenons des leçons.

Tanya : C’est une très belle façon de conclure. Merci.

 

Où trouver Leigh
LinkedIn
Site Web
Facebook
Twitter

 

Noire et déterminée est une série d’interviews mensuelles menée par l’écrivaine et entrepreneure primée Tanya Hayles. Tanya est la fondatrice de Black Moms Connection, un village en ligne mondial de près de 30 000 personnes, qui est aussi un organisme sans but lucratif qui fournit des programmes et des outils financiers au moyen de subventions généreusement financés par BMO. Les déclarations et les opinions exprimées par les invités et les personnes interrogées sont les leurs et ne reflètent pas nécessairement les vues de la Banque de Montréal ou de ses sociétés affiliées.