Nom : Pauleanna Reid
Entreprise : WritersBlok
Secteur : Prête-plume pour les célébrités et journaliste
Tanya : Commençons sans plus attendre. Vous parlez assez souvent de votre parcours vers l’entrepreneuriat. Avez-vous toujours su que vous vouliez être entrepreneure?
Pauleanna : Absolument. J’ai toujours été fascinée par l’entrepreneuriat, car mon père a eu une entreprise pendant de nombreuses années. Il a été photographe professionnel pendant environ 30 ans. J’ai toujours été curieuse et j’ai trouvé ma voie à travers les livres et les mémoires, les autobiographies, les documentaires et YouTube. J’ai toujours été fascinée par la trajectoire des entrepreneurs et par la façon dont ils peuvent marcher au son de leur propre tambour. Ils ont une confiance en eux et une foi inébranlable. Ce sont des qualités que je voulais vraiment avoir moi-même, car en tant que jeune adulte, il m’avait fallu beaucoup de temps pour les acquérir.
Tanya : C’est une excellente réponse. Quel est, selon vous, le geste le plus audacieux que vous ayez posé à ce jour en affaires? Il y en a beaucoup, et je le sais parce que je vous connais personnellement, mais si vous deviez choisir celui qui se démarque le plus, quel serait-il?
Pauleanna : J’ai pris congé de mes activités afin de suivre un programme en leadership de six semaines à Yale. Il s’agissait d’un geste audacieux simplement parce que j’ai dû désapprendre et réapprendre certaines choses en matière de leadership. On ne peut pas gérer son équipe de la même façon qu’on le faisait auparavant. Dans ma vie antérieure, en tant qu’employée d’entreprise, j’ai connu nombre de grands patrons qui avaient recours à des tactiques alarmistes pour m’intimider afin que j’accomplisse mes tâches à la perfection. J’étais adjointe de direction et il y avait donc très peu de place à l’erreur. Je crois qu’inconsciemment, à mesure que j’ai grandi en tant que propriétaire d’entreprise, j’ai fait ressortir certains de ces traits. En fait, je suis une thérapie en ce moment pour mieux comprendre comment les gens me perçoivent lorsqu’ils sont dans mon énergie.
Tanya : Wow. C’est magnifique. Je crois qu’il y a un énorme manque de conscience de soi dans le domaine de l’entrepreneuriat. Il y a une foule de gens qui pensent que l’entrepreneuriat est simplement une question d’accomplir quelque chose, de monétiser son temps ou ses talents, et c’est bien plus que cela.
Pauleanna : Absolument.
Tanya : Je n’ai jamais rien entendu de tel. Quel a été le tournant financier le plus important pour votre entreprise? Le moment où vous vous êtes dit : « J’ai réussi »?
Pauleanna : Le premier a eu lieu en janvier 2019, lorsque j’ai décidé de passer de mon emploi au sein d’une entreprise à un emploi d’entrepreneure à temps plein. L’année précédente, soit tout au long de 2018, les revenus tirés de mon activité d’appoint avaient été de 147 000 $. C’est un moment où je me suis dit : « J’ai réussi », car cela m’a donné la confiance nécessaire pour faire le saut et passer au prochain chapitre de ma vie. J’exerçais une activité d’appoint depuis 10 ans, et j’encourage les gens à le faire aussi longtemps qu’ils le doivent et à ne pas précipiter le processus. Lorsque j’ai franchi la barre des six chiffres, j’étais extrêmement fière de moi et je savais que je pouvais passer à l’étape suivante.
J’ai démarré ma première entreprise à l’âge de 21 ans. J’ai maintenant 34 ans. La marque Pauleanna atteindra un million de dollars cette année. Je n’ai jamais précipité le processus. Je ne regarde pas à gauche. Je ne regarde pas à droite. Je n’ai pas le syndrome de l’imposteur. Je crois qu’on entend beaucoup parler du fait de devenir riche en 30 jours et que les gens agissent dans l’urgence simplement parce que nous vivons une pandémie mondiale. Je comprends cela. Mais ne vous laissez pas duper. Ne vous laissez pas hypnotiser par les « cyberpaillettes ». Prenez votre temps. Si cela m’avait pris 113 ans, je serais tout de même engagée dans le processus.
Tanya : C’est une excellente réponse. Selon vous, en quoi le fait d’être une femme dans votre secteur d’activité – votre activité de prête-plume, plus précisément – vous a-t-il aidée?
Pauleanna : Le fait d’être une femme dans mon secteur m’a aidée parce que… ce que je veux vraiment dire, c’est que l’énergie des femmes est puissante.
Tanya : Vous pouvez le dire. Notre auditoire est surtout composé de femmes. Je crois que c’est tout à fait correct.
Pauleanna : Nous voyons le monde sous un certain angle et nous avons une certaine confiance, une certaine puissance et une certaine énergie. C’est un avantage dans les entretiens et un avantage dans les négociations. Je crois que c’est une ressource inexploitée. On nous apprend souvent à adopter les traits masculins; c’est l’énergie que les gens respectent, n’est-ce pas? Mais lorsque vous êtes capable de vous appuyer sur ce que vous êtes, lorsque vous vous sentez suffisamment en sécurité pour le faire, c’est fascinant pour les autres.
Tanya : Je crois que c’est quelque chose que nous devons être plus nombreuses à entendre et à comprendre. En particulier ce que vous dites à propos de la façon dont on nous enseigne à nous, les femmes, que les affaires sont une question d’énergie masculine et qu’il faut faire preuve de détermination. Mais lorsqu’une femme agit de la sorte, on la qualifie de harpie, parce qu’elle n’utilise pas son énergie féminine innée à son avantage. Vous pouvez être puissante, peu importe ce que vous portez, la façon dont vos cheveux sont coiffés ou si vous êtes maquillée. Votre pouvoir féminin demeure. Si vous essayez de transmettre une énergie masculine, bien sûr, tout ira mal.
Qui sont les femmes qui vous ont aidée dans votre parcours?
Pauleanna : Shannae Ingleton, Lauren Maillian, Shannon Boodram, Debra Goldblatt-Sadowski, Rakia Reynolds et Vicki Saunders. Je cite leurs noms, car elles m’ont toutes permis de m’appuyer sur elles à un moment ou à un autre de ma carrière. Certaines de ces relations remontent à plus de 10 ans. Le mentorat physique et mental change la donne.
Tanya : Je suis d’accord. Le mentorat, et plus particulièrement le parrainage, change la donne. Quel est le plus grand défi auquel votre entreprise a été confrontée?
Pauleanna : Je crois que les entrepreneurs ont parfois de la difficulté pour ce qui est de conserver l’équipe qui les aide au commencement et qui n’évolue pas une fois que ce chapitre est terminé.
Tanya : Oui.
Pauleanna : Ainsi, la ou les personnes qui vous ont permis d’atteindre un certain niveau ne sont probablement pas en mesure de vous faire passer au niveau supérieur. Et cela ne signifie pas qu’elles manquent de compétences. J’entretiens toujours une excellente relation avec mon ancienne équipe de comptabilité et de tenue de livres, mais nous ne nous convenions plus. Et je crois qu’il est important de reconnaître ces situations lorsqu’elles vous touchent. Comme j’ai essayé de faire durer cette relation plus longtemps que nécessaire, nous avons rencontré beaucoup de problèmes et avons décidé à l’amiable de prendre des directions différentes. L’équipe a toutefois contribué à la transition de la nouvelle équipe et l’a aidée à démarrer sur les chapeaux de roues en ayant de nouveaux objectifs plus ambitieux.
Tanya : Je comprends cela personnellement, c’est certain. Comment la pandémie qui touche la planète ou la crise raciale que nous traversons a-t-elle affecté vos activités?
Pauleanna : Lorsque la situation est chaotique, mon entreprise prospère. Cela nous donne l’occasion d’intervenir et, souvent, nous sommes invités à prendre part aux discussions pour conseiller des leaders et des exécutants partout au monde sur la façon de composer avec les sensibilités culturelles, sociétales et générationnelles dans leurs messages. Nous résolvons les problèmes. Nous créons des espaces sûrs pour nos partenaires clients. Heureusement, mais malheureusement, en 2020 et en 2021, nous avons constaté une hausse de l’intérêt et des demandes pour nos services-conseils en communication et nos services de prête-plume. Je crois que maintenant plus que jamais, les dirigeants d’entreprise valorisent les services de communication parce que de nombreuses personnes craignent la culture du bannissement, parce qu’elles ont des choses à dire et ne savent pas comment les dire, ou qu’elles sont coupables de quelque chose et qu’elles savent qu’elles seront pointées du doigt. Notre travail consiste à leur donner les moyens de participer en toute confiance aux conversations qui secouent le monde.
Tanya : Il est bon de souligner ce point. Dernière question : Comment parvenez-vous à trouver un équilibre entre votre vie personnelle et professionnelle?
Pauleanna : Je ne crois pas à l’équilibre. Il y a des années, un mentor m’a enseigné la conciliation travail-vie personnelle. J’ai l’impression que si vous cherchez un équilibre, vous serez toujours déçu.
Pour moi, certaines choses ne sont pas négociables; il y a des moments au cours de la journée où on ne peut pas me joindre et la pandémie m’a appris à porter attention à ce que les gens ne disent pas. Elle m’a appris qu’il n’y a pas de mal à s’éloigner de son bureau et à prendre l’air. Elle m’a appris l’importance de faire le point de façon intentionnelle avec mes pairs, mes collègues et mes amis, et de ne pas être aussi distraite. Avant la pandémie, je vous aurais parlé, mais en ayant mon prochain projet à l’esprit. Par conséquent, je communique mieux. Qu’il s’agisse de communiquer mes limites ou de communiquer la façon dont nous pouvons mieux collaborer. Et j’ai retrouvé ma santé mentale.
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Noire et déterminée est une série d’entrevues mensuelles menées par Tanya Hayles, entrepreneure nommée au palmarès des 25 femmes les plus influentes au Canada. Tanya est la fondatrice de Black Moms Connection, un village en ligne mondial de près de 20 000 personnes, qui est aussi un organisme sans but lucratif qui fournit des programmes et des outils financiers au moyen de subventions généreusement financés par BMO.
