Nom: Ashanti Johnson
Entreprise: 360.Mind.Body.Soul
Secteur: Conditionnement physique et bien-être

 

Tanya : D’accord. J’ai mes questions. Le nom de votre entreprise est 360?

Ashanti : 360.Mind.Body.Soul.

Tanya :J’adore ce nom. Je l’adore. Vous travaillez dans le domaine du conditionnement physique et du bien-être. Comment êtes-vous devenue entrepreneure?

Ashanti : J’avais un problème de poids quand j’étais jeune. Je suis devenue membre d’un centre de conditionnement physique pour la première fois à l’âge de 14 ans. J’ai toujours aimé assister à des cours de conditionnement physique. Je n’ai jamais vraiment pris plaisir à m’entraîner seule ou sur un tapis roulant. Je viens de Los Angeles, et quand j’étais là-bas, j’avais du mal à perdre du poids. Même si j’allais parfois à quatre cours d’affiliée, je mangeais de la salade, je prenais des pilules et des potions pour maigrir et je faisais tous les efforts nécessaires. J’ai même été boulimique pendant environ un an quand j’étais au secondaire. Puis, je suis déménagée à Chicago et je me suis calmée un peu. Je m’entraînais peut-être une à trois heures par semaine. Je mangeais du vrai bacon et du vrai sucre, des gyros et plein d’autres spécialités locales.

Tanya : Lorsqu’on est à Chicago, on mange à la mode Chicago.

Ashanti : Exact. J’habite dans une autre ville. J’ai une liaison, j’ai 22 ans, je profite de la vie et je perds du poids plus facilement que lorsque je faisais d’immenses efforts à Los Angeles. J’ai commencé à trouver de l’information qui indiquait que la bonne forme mentale a le pouvoir de vous transformer physiquement. Je me sentais aussi très bien accueillie et j’ai découvert une nouvelle facette de l’expérience et de la culture des Noirs. Une fois que j’ai compris le lien entre la forme physique et mentale, j’ai commencé à comprendre vraiment ce qui m’arrivait, et je n’ai pas pu m’empêcher d’en faire part à d’autres personnes.

J’ai commencé par organiser un camp d’entraînement en 2008 et, après une série d’aventures et de mésaventures, j’ai ouvert un centre permanent cinq ans plus tard. C’est un centre de conditionnement physique, mais nous offrons également des ateliers de mise en forme mentale. La mission de mon centre est d’aider les gens à changer leurs habitudes de vie et à atteindre leurs objectifs, notamment en parlant de ces sujets. Parce que tout le monde sait quoi faire, mais certaines personnes ne veulent tout simplement pas faire d’efforts.

Tanya : Mon vélo d’intérieur est littéralement derrière moi. Il accumule la poussière. Malheureusement. Quel est le geste le plus audacieux que vous ayez posé à ce jour en affaires? Au début, vous organisiez des camps d’entraînement et vous avez maintenant votre propre centre. Ce n’est peut-être pas le geste le plus audacieux, mais c’est le plus percutant. Donc quel est, selon vous, le geste le plus audacieux que vous ayez posé en affaires?

Ashanti : D’accord. La première chose qui me vient à l’esprit s’est produite l’an dernier. Nous organisons un défi bikini chaque année. Il s’agit d’un des programmes les plus importants au centre. Les membres s’y inscrivent en janvier et elles ont jusqu’à juin pour réussir à effectuer plusieurs changements. Il ne s’agit pas seulement de renoncer au sucre, elles doivent aussi faire sept heures de conditionnement physique par semaine, faire le point avec leur coach et participer aux ateliers de mise en forme mentale. Elles doivent utiliser des barres d’entraînement.

On leur assigne une équipe, et les équipes sont en compétition. C’est comme un camp d’été.

Nous avons donc commencé et, l’année dernière, c’était notre 10e anniversaire, et c’était tout un défi. Il ne manquait rien. Nous avions engagé beaucoup de personnel et d’aide et avions toutes sortes de choses en place. Nous avons commencé en force, puis la COVID-19 a frappé. Nous avons immédiatement transféré toutes nos activités en ligne, y compris le défi.

J’ai décidé que nous allions poursuivre nos activités, peu importe ce qui se passerait cette année-là. C’était une décision audacieuse, car tout le monde me disait de tout simplement annuler les activités. Et je me suis dit qu’il fallait les poursuivre, car la santé était la chose la plus importante dans ce contexte. En fait, il est important de rendre des comptes lorsqu’on essaie de faire des changements. Que ce soit pour perdre du poids ou simplement pour rester en santé et être conscient de comment l’on se sent.

Ashanti : Nous offrons du soutien mental et émotionnel. Malgré les protestations et tout le reste, nous avons poursuivi nos activités. Je ne sais toujours pas si c’était une bonne ou une mauvaise idée, mais c’était très audacieux. Nous l’avons fait de janvier à juin.

Tanya : En fin de compte, vos membres ont-elles réussi à atteindre leurs objectifs?

Ashanti : Certaines ont atteint leurs objectifs, d’autres ont simplement maintenu leur état. Les résultats auraient pu être bien pires. Beaucoup de gens ont pris du poids, car ils étaient stressés et ils avaient leur réfrigérateur à portée de main toute la journée, chaque jour. L’autre geste audacieux a été de déménager du quartier South Shore de Chicago à l’avenue Michigan. Beaucoup de choses ont changé à ce moment-là. La population était beaucoup plus jeune. Notre niveau de prix était beaucoup plus bas dans le quartier South Shore, puis il a changé considérablement lorsque nous nous sommes établis sur l’avenue Michigan.

Tanya : Ce sont effectivement des gestes audacieux, bonté divine. Quel a été le tournant le plus important sur le plan financier, une sorte de moment où vous vous êtes dit « J’ai réussi »?

Ashanti : C’est lorsque nous sommes déménagés du quartier South Shore à l’avenue Michigan. Dans South Shore, je louais un magnifique espace de galerie d’art. J’ai pu économiser beaucoup d’argent parce que notre clientèle s’est accrue rapidement et le loyer était très bas. Je payais environ 2 000 $ par mois, ce qui me paraissait cher au début, mais notre croissance a été si rapide que j’ai été en mesure de rénover complètement le local de l’avenue Michigan lorsque nous sommes déménagés avec l’argent que j’avais économisé.

J’ai pu réaménager le studio entièrement avec de l’argent comptant. C’était un grand moment pour moi, car j’avais l’habitude de vivre dans mon studio, de réparer des trous dans le plancher et de peindre les murs moi-même. C’était vraiment… J’ai compris à ce moment-là que j’avais réussi.

Tanya : En tant qu’entrepreneure, on ne savoure pas longtemps les réussites financières. Vous vous dites : « Incroyable, je ne suis pas fauchée. »

Ashanti : C’est vrai. C’est exactement cela. Ensuite, vous vous dites : « J’espère que ça va marcher. »

Tanya : Au départ, vous payez une facture d’impôt à quatre ou à cinq chiffres, puis vous vous faites à l’idée.

Tanya : Quel avenir entrevoyez-vous pour les femmes dans votre secteur d’activité? Je suppose qu’il est surtout alimenté par les femmes. La promotion s’adresse à elles et ce sont elles qui participent le plus aux cours. Quel avenir entrevoyez-vous pour les femmes dans le secteur du conditionnement physique et du bien-être?

Ashanti : Vous parlez des femmes noires ou des femmes en général?

Tanya : C’est une excellente question. Commençons par les femmes noires.

Ashanti : Je vois la réalité des femmes noires qui s’entraînent, ce que je crois que beaucoup de gens ne voient pas. Je crois que nous sommes toujours ignorées. Je suis un peu irritée lorsque les gens se demandent si les femmes noires s’entraînent. Bien sûr qu’elles s’entraînent. Pourquoi pose-t-on la question?

Mais je crois que cela changera à mesure que nous serons davantage conscientes de notre santé et de notre propre valeur, et que nous nous libèrerons de l’oppression. Ce n’est pas parce que ma grand-mère et ma mère ne s’entraînaient pas que je ne devrais pas m’entraîner. Ce n’est pas parce que nous vieillissons que nous sommes censées prendre du poids. Ce sont des idées que les gens ont et que j’ai dû combattre à plusieurs reprises. Je crois qu’il faut que les gens soient conscients de leurs habitudes de vie et de la façon dont ils vivent leur vie. La façon dont ils choisissent de vieillir est entièrement entre leurs mains et ne dépend pas des exemples qu’ils ont eus. Ils ont le choix.

Tanya : Nous avons parlé de la façon dont la pandémie virale mondiale a touché votre entreprise. Mais qu’en est-il de l’autre pandémie, de la crise raciale? Il s’est passé tellement de choses, surtout dans votre pays, au cours de la dernière année. Quelle en a été l’incidence sur votre entreprise? Vous êtes une femme noire, donc je sais que vous avez été affectée d’une façon ou d’une autre.

Ashanti : Les gens appellent affectueusement mon centre de conditionnement physique leur « espace sûr ». Je veux qu’ils continuent à le faire. Je n’ai pas vraiment ressenti les effets de la division raciale, si ce n’est le fardeau émotionnel naturel que cela peut avoir sur les gens et sur leur image d’eux-mêmes, ce qui a à son tour une incidence sur la façon dont ils se traitent. Je suis certaine qu’il y a des répercussions sur mon entreprise. Je ne suis toutefois pas certaine d’être capable de les mesurer.

Tanya :Comment les clients ou les entreprises peuvent-ils soutenir les femmes noires en ce moment? Comment les gens peuvent-ils vous aider? Pas nécessairement vous offrir de l’aide, mais plutôt du soutien. Ce soutien peut être financier, émotionnel ou autre.

Ashanti : Je dirais simplement que nous devons profiter d’une visibilité continue. En cette période de transition vers un retour à l’ancienne normalité, les gens sont restés dans leur quartier et à la maison depuis si longtemps qu’ils supposent que tout est fermé. Ils ne savent même pas ce qui est ouvert ou ce qui se passe en dehors de chez eux.

Je crois que ce qui pourrait m’aider, c’est qu’une entreprise plus grande utilise une plateforme pour mettre en valeur les entreprises et ce qu’elles font en ce moment. Mes finances vont très bien, mais je suis du genre à vouloir tout faire moi-même. Je préfère qu’on m’envoie des clients, et m’occuper du reste. La visibilité, les indications, le simple fait d’en parler ont toujours été les principales façons de promouvoir mon entreprise. De toute évidence, les gens s’en parlent beaucoup moins, car ils ne se côtoient plus tout au long de la journée comme avant.

Tanya : J’aime la façon dont vous le dites. Très bien. Ma dernière question, et j’ai ri parce que je l’ai déjà posée à d’autres personnes avant vous et la réponse est toujours la même. C’est donc une de mes questions préférées. Comment parvenez-vous à trouver un équilibre entre votre vie personnelle et professionnelle?

Ashanti : Vous connaissez déjà la réponse.

Tanya : C’est pour cela que j’aime poser cette question, car elle est ridicule à ce stade-ci.

Ashanti : Il n’existe pas vraiment d’équilibre entre ces deux aspects de ma vie. Je suis aussi mère célibataire. J’occupe mon temps en assurant mon rôle de mère ou de propriétaire d’entreprise, sinon je m’occupe de ma vie personnelle. Je crois que j’ai dû apprendre à trouver du temps pour chaque chose. Avant, je consacrais tout mon temps aux affaires. Je suis devenue mère et j’ai dû apprendre à trouver un équilibre. À un moment donné, je voyais mes employés en dehors du travail et mes clients finançaient ma vie personnelle. J’ai appris que c’était une très mauvaise idée. Surtout lorsque le temps est venu de communiquer avec les clients au sujet des comptes en souffrance.

Tanya : Y a-t-il d’autres sujets que je n’ai pas abordés? J’avais d’autres questions par rapport à vos réussites, aux difficultés que vous avez rencontrées, aux mentors et aux personnes qui vous ont aidées au long de votre parcours, mais j’ai l’impression que vous y avez déjà répondu pendant l’entrevue. Il s’agit de la partie de discussion libre de l’entretien.

Ashanti : Vous savez quoi? Je ne crois pas que je pourrais faire autre chose. Mon entreprise est le complément parfait à ma vie personnelle. J’ai eu beaucoup de chance au fil des ans. Grâce à ma foi, je suis convaincue que tout ira bien, même dans un contexte de crise. Je ne crois plus que ce soit difficile. Nous vivons une période hors du commun, mais ça va. Les choses rentreront dans l’ordre. Et je crois que cela tient en partie à la confiance que vous avez en votre capacité de poursuivre vos activités. Mais je ne crois pas que je pourrais faire la même chose dans un autre secteur ou parmi un groupe différent de personnes.

Tanya : C’est très beau. J’adore votre réponse. C’est une façon parfaite de conclure. Je vous remercie sincèrement pour votre temps, Ashanti.
Où trouver Ashanti
Site Web
Instagram
YouTube

 

Noire et déterminée est une série d’entrevues mensuelles menées par Tanya Hayles, entrepreneure nommée au palmarès des 25 femmes les plus influentes au Canada. Tanya est la fondatrice de Black Moms Connection, un village en ligne mondial de près de 20 000 personnes, qui est aussi un organisme sans but lucratif qui fournit des programmes et des outils financiers au moyen de subventions généreusement financés par BMO.